Chanson de Craonne
Auteur anonyme, recueillie par R. Lefèvre et Vaillant-Couturier. Air : Bonsoir M'amour
Cette chanson fut chantée au front à la fin 1916 ou au début 1917.
Elle exprime bien la lassitude des combattants, mais aussi la complexité des sentiments qui animent "ceux du front" contre "ceux de l'arrière", mêlant la haine envers les "embusqués" et les préoccupations sociales de ce début de siècle.
 

Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé,
On va r'prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c'est bien fini, on en a assez,
Personn'ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s'en va là haut en baissant la tête.

Refrain :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés.
 

Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.

[ Au refrain ]

C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si, pour eux, la vie est rose,
Pour nous, c'est pas la mêm' chose.
Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués,
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien,
Nous autr's,les pauvr's purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr' les biens de ces messieurs-là.

Dernier refrain :
Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l'plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau !

La butte rouge
paroles : Montéhus, musique : Georges Krier

La butte Rouge, c'est la butte de Bapaume, en Champagne, qui fut le lieu de combats acharnés.
 

Sur c'te butt'là y'avait pas d'gigolettes
Pas de marlous ni de gros muscadins.
Ah ! C'était loin du Moulin d'la Galette,
Et de Panam' qu'est le roi des pat'lins.
C'qu'elle en a bu du beau sang cette terre,
Sang d'ouvriers et sang de paysans,
Car les bandits qui sont cause des guerres
N'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents !

Refrain :
La Butt' Rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin
Où tous ceux qui montaient roulaient dans le ravin.
Aujourd'hui y'a des vignes, il y pouss' du raisin.
Qui boira ce vin là, boira l'sang des copains.

 

Sur c'te butt'là on n'y f'sait pas la noce
Comme à Montmartr' où l'champagne coul'à flots;
Mais les pauvr's gars qu'avaient laissé des gosses
Y f'saient entendre de terribles sanglots !
C'qu'elle en a bu des larmes cette terre,
Larm's d'ouvriers, larmes de paysans,
Car les bandits qui sont cause des guerres
Ne pleurent jamais, car ce sont des tyrans !

[ Au refrain ]

Qui boit de ce vin-là boit les larmes des copains. 
Sur c'te butt'là, on y r'fait des vendanges,
On y entend des cris et des chansons;
Filles et gars doucement y échangent
Des mots d'amour qui donnent le frisson.
Peuvent-ils songer, dans leurs folles 'treintes,
Qu'à cet endroit où s'échangent leurs baisers,
J'ai entendu la nuit monter des plaintes
Et j'y ai vu des gars au crâne brisé !

Refrain (final)
.......
Mais moi j'y vois des croix portant l'nom des copains !

L'internationale
paroles : Pottier, musique : Degeyter

Dans l'Internationale, écrite après la Commune, je retiendrai ce couplet, supprimé par les marxistes :
Les rois nous soûlaient de fumées, 
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées, 
Crosse en l'air et rompons les rangs ! 
S'ils s'obstinent, ces cannibales, 
A faire de nous des héros, 
Ils sauront bientôt que nos balles 
Sont pour nos propres généraux.
L'affiche rouge
paroles : Louis Aragon, musique : Léo Ferré

et pour la 2ème guerre mondiale, celle où la planète a failli basculer, et en souvenir des FTP-MOI
L'affiche rouge    Léo Ferré    (poème d'Aragon)
 

Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
 

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant

Des liens vers des chansons militantes :
drapeau rouge
merle rouge
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