Note de 2019
Il
s'agit d'une page ancienne (2007) qui a été un tout petit peu
modernisée en 2019, afin de conserver un peu d'homogénéité entre les
pages de différentes époques. Le texte a été pratiquement conservé à
l'identique. Les liens ont été mis à jour.
Lundi
05 février 2007
J’ai
terminé mon travail avant midi. Donc j’ai une
demi-journée devant moi pour visiter la capitale de la Chine.
L’équipe de l’hôtel parle trop
peu l’anglais pour
être d’une quelconque utilité. Je suis donc
livré
à moi-même, et je n’ai rien préparé.
Heureusement, on est rarement sans aucune ressource. Les Pages Jaunes
dans ma chambre me montrent un plan de Beijing, et les documents de
l’hôtel permettent de le situer vaguement sur la
carte. Beijing
est organisée sur un plan en carrés concentriques.
Mais
je me méfie. Le Nord n’est pas indiqué, et
rien ne me dit
qu’il se trouve en haut du plan. Par chance la connexion
à
l’Internet fonctionne et je trouve facilement une carte qui
me confirme
la position du Nord, vers le haut de la carte. Par contre, il
n’y a
aucune indication d’échelle. Pour
m’orienter, il y a le soleil,
qui brille aujourd’hui et fait fondre la glace des canaux.
J’ai aussi
une petite boussole dans ma poche. Et il y a au plafond de ma chambre
une flèche verte qui doit indiquer la direction de La Mecque,
vers l’Ouest. Me voilà prêt.
Je
décide d’aller
vers le centre des carrés que forment les grands boulevards de
Beijing. C’est à dire vers la place Tian Anmen, et
plein Sud
pour moi. Beaucoup de circulation : des autos, des taxis, encore
beaucoup de deux-roues, dont pas mal de cyclos électriques. Et
aussi des vélos ou triporteurs de livraison, souvent
lourdement
chargés. Comme les grandes avenues deviennent rapidement
fastidieuses, je m’égare un peu dans les petites
rues où
je découvre un autre visage de Beijing, avec les petits
métiers des rues, les marchands de soupe et nourritures
diverses, les cordonniers, les réparateurs de vélos,
si
bien décrits par Marc dans ses Lettres de Chine. Je
goûte
à ces petites brochettes que les marchands font cuire dans une
soupe épicée. Il y a des sortes de raviolis, des
champignons, des boulettes, des algues, de petits boudins blancs, du
tofu et d’autres choses inconnues mais appétissantes
elles
aussi. Le prix pour nous est ridiculement bas. J’en mange dix
pour 0,50 Euro.
Je longe la rue des marchands d’instruments de
musique, puis
celle des marchands d’électricité. Leur
vitrine donne
envie de réaliser une armoire électrique ; mais je
pense
qu’il faudrait acheter les disjoncteurs chez l’un,
les fils chez un
autre, les alimentations chez un troisième etc. tant ils
paraissent spécialisés dans un type de
matériel.
Comme
je ne reste pas dans le droit chemin, et que je n’ai pas de
plan avec
moi, et que je ne me rends pas compte des distances, je finis par
être un peu égaré. Me trouvant devant une
sorte de
temple avec à l’arrière une sorte de
gigantesque stupa,
je décide de le visiter. Je paie mon droit
d’entrée, et
l’entrée proprement dite est obstruée par
un groupe
vociférant autour d’un transpalette, en train de
tenter de faire
sortir par la porte une statue en bronze d’une
déesse aux bras
multiples. On doit alors entrer par la sortie. Je visite le temple, et
les panneaux en anglais me précisent que le stupa fait plus de
50 m de haut, que sa construction a débuté en 1271
sur un
site choisi par l’empereur Kubilaï Khan lui-même.
Je
fais
quelques photos et je sors de l’enceinte sacrée. La
déesse a enfin franchi la porte, mais il s’agit
maintenant de la
transférer sur un autre appareil de manutention. Comme
j’ai mon
appareil photo à la main, une jeune fille me dit en anglais
plutôt bon que je peux prendre une photo si je le
désire.
Je la remercie et m’apprête à prendre une
photo de la
statue, en partie pour lui faire plaisir. Elle ajoute alors
qu’on peut
même prier devant une photo, même sur
l’ordinateur, et que
ça marche. Elle me dit aussi qu’elle étudie
le bouddhisme
chinois. Heureusement son prosélytisme n’ira pas
plus loin, mais
elle tient à me donner quelques détails sur le
temple, le
stupa et les variantes du Bouddhisme de l’époque. Je
ne
comprends pas grand-chose, même si certains mots
évoquent
vaguement quelque chose que j’avais lu sur Wikipedia au sujet
du
bouddhisme. J’avais lu aussi qu’un
héritier de la famille
Agnelli, converti au bouddhisme tendance Petit Véhicule,
aurait
été réincarné en Fiat 500 : mais
ça
je pense que c’était plutôt dans Charlie
Hebdo.
L’étudiante
me présente à son collègue,
très jeune aussi, et tous deux m’inondent de
documents, tous en
chinois hélas. Ils m’offrent un peu d’eau
chaude pour me
désaltérer, comme on fait ici, et je profite du
séjour dans leur bureau pour jeter un coup
d’œil au plan de
Beijing qui est punaisé au mur. Bigre, je suis encore loin de
la
Place Tian Anmen.
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Le Stupa Blanc
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Le Stupa Blanc vu du sol
Les étudiants en bouddhisme
Le Stupa Blanc vu du ciel
(image Google)
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La
Place Tian Anmen
M’échappant
enfin, je me dirige en
zigzags vers mon but : sud, est, sud, est…
J’observe un instant un
vieux chinois qui promène ses trois oiseaux. Les volatiles
ressemblent à l’hypothétique croisement
d’un mainate et
d’un gros-bec. Il en libère un, le fait
s’envoler, puis projette
en l’air une graine ou boulette à l’aide
d’une sarbacane.
L’oiseau saisit la nourriture au vol puis vient se poser sur
le bras de
son maître. Un de ses collègues passe dans la rue,
avec
ses oiseaux sur le guidon de son vélo.
J’arrive
enfin sur
cette place gigantesque, alors que le soleil se couche. Une
cérémonie se termine devant la Cité
Interdite. Il
s’agit de la réception d’un haut
dignitaire Slovaque,
d’après les drapeaux. Sur la place il y a des
marchands de
cerfs-volants et aussi pas mal de policiers ou militaires.
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Alors
que je
prends quand même une photo, je suis abordé par un
Chinois
accompagné de sa nièce (me dira-t-il plus tard). Il
parle
très bien l’anglais, et en quelques minutes il
m’a
déjà raconté plein de choses. Son nom
anglais est
Fisher, traduction de son nom chinois. Le nom anglais de la
nièce est Mary. Il insiste pour me montrer la Place et ensuite
ce qu’il reste de la vieille ville de Beijing, juste au sud
de la Place
(en préparation des JO de 2008, les Chinois détruisent
comme des Qataris). Si j’étais un groupe
et s’il était
seul, je dirais qu’il s’incruste. En
l’occurrence on peut juste dire
qu’il s’impose un peu. Donc nous visitons cette
vieille ville, et
Fisher se montre un excellent guide. Nous visitons les magasins qui
vendent de ces pierres chinoises qui ressemblent à des
paysages,
puis les magasins qui vendent des tableaux et paravents en soie. Il
faudrait plusieurs pages pour les décrire et je ne
m’y essayerai
pas. Ensuite nous allons au salon de thé.
Présentation
des thés, cérémonial de
préparation, le
tout traduit par Fisher. Je vous assure que la dégustation
dans
un de ces salons est une expérience à tenter. Ensuite
il
faut bien en acheter un peu, et là on se retrouve avec une
note
astronomique (ils prennent les cartes de crédit). Je
frémis un peu en pensant à la quantité de
boisson
plus fraîche et plus moussante que j’aurais pu boire
pour le prix
de ces quelques dizaines de grammes de thé… Nous
visitons les
apothicaires officiels de la Cité Interdite, chez qui on peut
se
procurer des remèdes de la médecine traditionnelle
chinoise. Là aussi les prix sont sidéraux. Pour une
simple racine de ginseng (certes venant de quelque montagne
marquée par le divin) l’étiquette indique
l’équivalent de 68000 Euro. Visite ensuite du
magasin de
chaussures fournisseur de la Cité Interdite. Pas besoin de
chaussures en ce moment. Mais certaines auraient convenu aux Dupondt
déguisés en Chinois dans Le Lotus Bleu.
Retour
enfin
à mon hôtel, en taxi cette fois. Je me rends compte
que
c’est très loin ; j’ai dû marcher pas loin
de dix
kilomètres cet après-midi. Je prends mon
dîner au
restaurant de l’hôtel, qui cherche à
proposer une cuisine
internationale. Moi j’essaie de choisir des plats asiatiques.
Les
chinois de la table voisine ont commandé un steak-frites et
des
spaghettis en sauce tomate. Le restaurant a quelques problèmes
d’organisation ce soir. Il n’y a plus de
bière à la
pression, ni brune ni blonde. Ensuite le serveur apporte un
deuxième plat de spaghettis à la dame de la table
voisine, qui a déjà du mal pour finir son assiette.
Et
lorsque j’en suis presque au dessert on m’apporte
un deuxième
bol de soupe.
Je n’ai plus qu’à
boucler mon sac. Je quitte Beijing demain matin.
Je crois
comprendre que j'ai été ce jour la victime d'une
petite arnaque, que
Fisher et Mary sont en fait les rabatteurs de la maison de
thé. Mais
qu'importe, ils m'ont fait connaître cette partie de la ville,
et la
cérémonie du thé vaut vraiment le coup.
MM
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