LE SINGE ET LE DAUPHIN
Traduction
d'Émile Chambry sur Wikisource.org (voir les conditions de licence
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C’est la coutume, quand on voyage par mer, d’emmener avec soi de petits
chiens de Malte et des singes pour se distraire pendant la traversée.
Or donc un homme qui naviguait avait avec lui un singe. Quand on arriva
à Sunion, promontoire de l’Attique, une tempête violente se déchaîna.
Le navire chavira et tout le monde se sauva à la nage, le singe comme
les autres. Un dauphin l’aperçut, et, le prenant pour un homme, il se
glissa sous lui, le soutint et le transporta vers la terre ferme. Comme
il arrivait au Pirée, entrepôt maritime d’Athènes, il demanda au singe
s’il était Athénien. Le singe ayant répondu que oui, et qu’il avait
même à Athènes des parents illustres, il lui demanda s’il connaissait
aussi le Pirée. Le singe, croyant qu’il voulait parler d’un homme, dit
que oui, et que c’était même un de ses intimes amis. Indigné d’un tel
mensonge, le dauphin le plongea dans l’eau et le noya.
Cette fable vise les hommes qui, ne connaissant pas la vérité, pensent en faire accroire aux autres. |