Note de 2019
Il
s'agit d'une page ancienne (2008) qui a été un tout petit peu
modernisée en 2019, afin de conserver un peu d'homogénéité entre les
pages de différentes époques. Le texte a été pratiquement conservé à
l'identique. Les liens ont été mis à jour.
Mai-Octobre 2008
Mission à Yungang
Je suis pour le travail à
Yungang. Cette petite ville est
à une quarantaine de km à l'Ouest-Sud-Ouest de
Pékin (Beijing). C'est seulement ma deuxième visite
en
Chine. En 2007 j'avais passé quelques jours à
Shanghai et
à
Beijing.
Yungang est construite autour des usines et
laboratoires du programme aérospatial chinois. Même
l'hôtel Cui Yun que m'a choisi le client appartient au
consortium.
C'est un hôtel aux normes chinoises. On a de l'eau chaude le
soir, il faut la faire bouillir si on veut en boire. Surtout ne pas
mettre de papier dans les chiottes, ça les boucherait.
L'hôtel Cui Yun a quand même un certain charme, avec
son jardin intérieur et ses énormes vases devant
l'entrée.
Je prends presque tous mes repas du soir à l'hôtel.
Il n'y a pas vraiment de salle de restauration. On me sert, seul dans
une petite pièce quand je rentre du travail. Les Chinois
dînent très tôt et ils terminent leur
promenade digestive quand j'arrive à l'hôtel. On en
voit toujours quelques-uns qui marchent à reculons. Ils font
ça surtout dans les montées, peut-être pour
avoir l'impression de marcher dans une descente.
Je n'ai rien contre la nourriture chinoise ordinaire et très
peu de plats me déplaisent. Une des petites serveuses
amène les plats puis se tient derrière moi et me
regarde manger. Heureusement, j'assure avec les baguettes (normal,
après tout ce temps passé en Corée).
Quelquefois elle fait venir une copine pour voir ce Long-Nez qui mange
comme un cochon, et qui transfère la nourriture dans son
assiette au lieu de manger directement dans le plat comme les gens
civilisés.
Cliquez
sur
les images pour les agrandir
Dimanche 11
mai 2008
La Cité Interdite
Mes Chinois m'ont emmené
visiter la Cité Interdite.
Vous trouverez des photos et toutes les indications que vous voulez sur
Internet.
La Cité
Interdite à Beijing un jour de pluie
Cliquez
sur
l'image pour l'agrandir (puis taille réelle et ascenseur)
Samedi 17 mai 2008
Le Palais d'été
Pas de travail ce samedi. Mes Chinois m'ont emmené visiter le
Palais d'été. Vous trouverez des photos et toutes les
indications
que vous voulez sur Internet.
Le
Palais
d'été un jour de smog normal
Cliquez
sur
l'image pour l'agrandir (puis taille réelle et ascenseur)
Samedi 24 mai 2008
Chez le coiffeur
J'avais l'intention d'aller chez le coiffeur. Depuis plus de trente ans
c'est Françoise qui me coupe les cheveux, sauf deux fois
pendant mon séjour au Qatar ; j'étais
allé
chez le coiffeur pakistanais de mon quartier.
Il y a beaucoup de salons de coiffure dans cette petite ville chinoise.
Tous ceux que j'avais repérés ressemblent à
ceux qu'on voit chez nous ; leur clientèle aussi ressemble aux
jeunes gens de chez nous. C'est la globalisation. Je cherchais un
coiffeur plus traditionnel, un salon plus ancien. Ce soir je me suis
aventuré dans une rue que je n'avais pas encore
repérée, et j'ai vu une toute petite boutique avec un
fauteuil de barbier et des cheveux par terre. La boutique n'avait
même pas une enseigne tournante comme les salons de coiffure
ont normalement ici.
J'imaginais déjà un vieux chinois, un peu comme ceux
qu'on voit avec Tintin dans le Lotus Bleu, ou à la rigueur en
costume de l'époque de Mao Zedong. Je m'approche, je passe la
porte, et en fait c'est une dame qui est là. Par signes je
demande si elle peut me couper les cheveux, et de même elle me
fait comprendre que c'est son affaire en m'indiquant le fauteuil
délabré. Je sors mon passeport pour lui montrer la
photo où j'ai les cheveux très courts et je lui
montre entre le pouce et l'index un espace de deux
centimètres. Elle à l'air de penser que je serai
mieux avec des cheveux moins courts et m'indique une longueur de quatre
centimètres environ. Me rangeant à son avis
professionnel, j'acquiesce et elle me met la cape autour du cou.
Il y a un problème. Assis dans ce fauteuil, je suis trop grand
pour la dame. Elle me fait donc prendre une posture avachie pour
être à la bonne hauteur. C'est confortable pour elle,
mais pas vraiment pour moi. En quelques coups de
ciseaux, peigne et tondeuse c'est réglé. Elle me pose
alors une question avec un geste que je ne comprends pas. Dans le doute
je dis OK. Elle me traine alors dans un coin, me fait asseoir sur une
chaise et plonger ma tête dans un lavabo. Elle me passe alors
les cheveux au shampooing et me masse vigoureusement le crâne.
C'était donc ça la question que je n'avais pas
comprise. Finalement je préfère que ce soit une dame.
Je n'aurais pas aimé me faire frotter le cuir chevelu par un
vieux chinois ou par un garçon-coiffeur.
Un dernier coup de peigne devant le grand miroir et c'est
terminé. Je sors mon porte-monnaie, ne sachant pas bien
combien peut coûter la coupe avec shampooing. La dame me
montre cinq doigts. Serait-ce cinq, cinquante ou cinq cents RMB
yuans ?
En gros, il faut dix yuans pour faire un Euro. Ce doit être
cinquante yuans, soit environ cinq Euro. J'ai une très vague
idée des prix pratiqués en Europe, et c'est sans
doute moins cher ici. Je tire un billet de cent yuans de ma liasse et
le tends à la dame. Je la vois un peu
étonnée, mais elle se dirige vers un tiroir, cherche
un peu, et me rend des billets en éventail. C'était
en fait cinq yuans, soit cinquante centimes d'Euro.
Nous échangeons encore quelques formules de politesse et je
prends congé de la coiffeuse. Avec le taux de change exact,
ça faisait plus exactement 0,47 €.
Dimanche 25 mai 2008
Promenade au
Nord-Ouest
de Yungang
J'ai fait une promenade à pieds cet après-midi.
J'avais
préparé ma route avec Google Earth, car je n'ai pas
su
trouver une carte du coin. J'avais vu que vers le Nord-Ouest c'est un
peu
vallonné et qu'il y a des zones non peuplées.
En sortant de Yungang je prends une petite route. Comme partout en
Chine il y a un peu de trafic, avec des véhicules de toutes
sortes. Beaucoup d'engins à deux ou trois roues, parfois
lourdement chargés. Ensuite il faut longer un village. La
propreté n'est pas le point fort des villages chinois et
l'odeur
de merde assaille mes narines. Ensuite je prends une petite route qui
monte vers le nord et devient vite un chemin avec des plantations
d'arbres fruitiers de chaque côté. Comme le chemin suit une
ligne de crête on voit bien le site où je travaille.
Le
paysage n'est quand même pas grandiose. Pour retourner vers
Yungang je prends un chemin partiellement bétonné qui
suit le lit aménagé d'un torrent à sec. Les
ouvrages de correction torrentielle portent la marque chinoise, avec
leurs toits traditionnels. Les orages d'été doivent
parfois être intenses.
Promenade au Nord-Ouest de Yungang
|
Cliquez
sur
les images pour les agrandir
Là où le torrent saisonnier rejoint la plaine il y a
un
cimetière. À l'entrée se trouvent douze belles
statues
représentant les animaux du zodiaque chinois. C'est, avec la
correction torrentielle, le point fort de la promenade. Ensuite il
resterait quelques km le long d'une grande route pour rejoindre
Yungang. Je fais un petit détour pour éviter cette
grande
route et pour éviter de passer de nouveau le long du village qui a
molesté
mes narines.
Zodiaque
chinois
|
Cliquez
sur l'image pour l'agrandir
Dimanche 1er juin 2008
La Grande Muraille
Ce dimanche mes Chinois qui craignent que je m'ennuie ont
voulu m'emmener voir la Grande Muraille. Pourquoi pas, me dis-je. C'est
mieux de partir tôt, ont-ils dit. Et nous voilà
partis à six heures du matin en voiture pour Badaling, qui est
un des points d'accès les plus connus. Il y a le chauffeur que
j'ai déjà vu et une dame qui a l'air d'assurer
l'intendance et de récupérer les notes de frais. Il y
a aussi celui qui se fait appeler Jacky, avec qui j'ai
déjà visité la Cité Interdite.
Un peu avant huit heures, munis de tickets d'entrée
achetés par la dame de l'intendance, Jacky et moi sommes sur
l'ouvrage. Le chauffeur et la dame ne nous accompagnent pas. Comme le
point d'accès est en fond de vallée, ça
monte des deux côtés. Nous choisissons de partir vers le nord.
Il n'y a pas encore beaucoup de monde, et on peut même faire
des photos où on ne voit personne. Heureusement il fait encore
frais, parce que ça monte quand même beaucoup. Les
bâtisseurs ont plus ou moins suivi des lignes de
crêtes locales, avec forcément des
traversées de vallées comme ici à Badaling.
Jacky commence à tirer la langue et traîner des
pieds. Il n'a pas envie d'aller très loin et fait remarquer
qu'il est possible de revenir au point de départ avec une
télécabine. Je négocie d'aller
jusqu'à un point culminant qui est d'ailleurs la destination
de presque tous les visiteurs pas trop paresseux. Il est huit
heures et demi. On doit être à 800 mètres
d'altitude, loin de la ville et de son incroyable pollution.
Nous redescendons jusqu'à la gare supérieure de la
télécabine et prenons des billets pour la descente.
Je remarque qu'elle est fabriquée par un industriel grenoblois,
leader sur le marché. Ça fait plaisir.
Nous rejoignons le chauffeur et l'intendante. Nous avons même
le temps de visiter le temple Jie Tai avant de revenir pour midi
à Yungang. C'est plus efficace que sur le chantier.
Dimanche 08 juin 2008
Le Temple du Ciel
Hier on m'a proposé d'aller visiter le Temple du Ciel. Bof. Et
pourquoi pas. De toute manière je n'ai pas de
contre-proposition. Aujourd’hui c'est Mademoiselle Wei qui
s'y colle, et nous partons en taxi pour Beijing à 07H30.
En fait c'est une belle architecture avec quelques
chefs-d’œuvre de charpente en bois. Le site est
immense et les poussières dans l'atmosphère
augmentent encore l'impression de distance entre les
bâtiments. L'ensemble est situé dans un très
grand parc avec des cyprès multi-centenaires. Les
Pékinois peuvent accéder au parc toute
l'année pour une somme modique. C'est pourquoi beaucoup
viennent y pratiquer des formes de gymnastique traditionnelle ou y
chercher la sérénité. Plusieurs vieux
Chinois écrivent des poèmes sur les dalles avec un
long pinceau trempé dans l'eau. Ils soignent
particulièrement bien la calligraphie qui est ici un art
majeur. Le soleil a vite fait d'effacer toute trace de leur
œuvre. Beauté de
l'éphémère.
Pour le Temple du Ciel, vous trouverez des photos et toutes les
indications
que vous voulez sur Internet.
Partie
principale du
Temple du Ciel
Cliquez
sur
l'image pour l'agrandir (puis taille réelle et ascenseur)
Cliquez
sur
les images pour les agrandir
Comme il est encore tôt quand nous quittons le parc, mon guide
m'emmène au Grand Marché aux Puces. C'est un endroit
récent, avec des allées larges et des stands bien
rangés. Il y a un peu de tout, des objets anciens et de
l'artisanat ethnique. Comme d'habitude il y a des objets que je trouve
beaux mais dont je ne voudrais pas chez moi. Le plus
intéressant pour moi est tout ce qui est en rapport avec
l'époque de Mao Zedong. On trouve des bustes de Mao de toutes
tailles, et aussi des statues complètes. Il y aussi toutes ces
délicieuses affiches en pseudo-Technicolor du Grand Timonier
guidant le Peuple, parfois accompagné de son pote Joseph, le
Père des Peuples. À la demande de Mademoiselle Wei un
brocanteur me montre très gentiment quelques affiches et
photos, et des tickets de nourriture de l'époque. Il a aussi
des textes de Mao dans une édition en français.
Ensuite c'est l'heure du restaurant. Je laisse mon accompagnatrice
choisir un établissement. Il faut attendre quelques minutes
car il y a une sorte de banquet, pour un mariage, je crois. Comme
toujours c'est bon, beaucoup trop copieux et pas cher.
J'ai demandé à aller dans les petites ruelles de la
ville traditionnelle, mais je pense que ma demande échappe un
peu aux Chinois. Mademoiselle Wei m'emmène dans un quartier
certes un peu ancien, mais très fréquenté
par les visiteurs Chinois ou étrangers. En fait je reconnais
le quartier où m'avaient emmené Fisher et Mary il y a
un an. Il y a beaucoup de gros travaux à l'approche des J.O.
La rue principale est même interdite à la circulation
car on a ouvert des tranchées profondes pour les eaux
pluviales ou usées, et aussi pour les autres
utilités. Il faut accéder aux commerces par la ruelle
de derrière. Mon accompagnatrice me fait visiter ce
même grand magasin de médecine traditionnelle
où j'avais vu des racines de Ginseng atteignant des prix
astronomiques. Je ne lui dis pas que je suis déjà
venu ici et la remercie de me faire découvrir le lieu.
Vu l'avancement des travaux dans ce quartier, on peut douter que tout
sera rénové au mois d'août. Il y aura sans
doute beaucoup de maquillage superficiel, mais peut-être pas
de véritable rénovation. Il y aura beaucoup de
destruction aussi.
Puis nous reprenons un taxi pour revenir à Yungang.
Aujourd'hui les Chinois fêtent à leur façon
un héros traditionnel. Je n'ai pas compris toute l'histoire,
mais le but est de manger du riz sucré bien collant cuit
empaqueté dans des feuilles de bambou. L'hôtel m'en a
déjà servi vendredi soir et samedi soir, dans une
version avec des jujubes dans le riz. J'en ai aussi eu samedi
à midi, mais je n'avais vraiment pas assez faim. Un seul
emballage suffit pour étouffer plusieurs occidentaux. En
arrivant à Yungang Mademoiselle Wei insiste pour m'en offrir
quatre paquets.
Dimanche 6 juillet 2008
Promenade à
l'Ouest de Yungang
Il y a longtemps que je n'ai rien ajouté à cette
page. C'est que je n'ai pas fait grand-chose, et surtout rien
d'intéressant. Je suis bien allé un dimanche au zoo
de Beijing avec mon collègue Jean-Luc, mais vous trouverez
partout des photos de panda meilleures que les miennes. L'aquarium est
à mon avis plus intéressant que le zoo. Sur le
chantier il ne s'est rien passé de notable, mis à
part que je ne me suis pas trop mis en colère.
Ce dimanche comme il faisait beau et chaud je suis parti en promenade
vers l'Ouest. En me voyant partir en plein cagnard la petite
réceptionniste m'a poursuivi pour me proposer un parapluie. Je
lui ai montré que j'avais un chapeau à large bord
dans mon sac, celui-là même, je crois, avec lequel
j'ai affronté le
soleil
du Qatar ou
celui de la
Papouasie
Nouvelle Guinée.
Le paysage n'est pas grandiose. Après de nombreuses boutiques
de matériaux il y a une alternance de zones agricoles et de
villages, avec leurs inévitables odeurs organiques. Mais
aujourd'hui le smog est moins dense, et on peut voir les petites
montagnes qui sont un peu plus loin. Il faudra que je m'en approche un
de ces jours.
En bordure d'un village j'entends un bruit cyclique et, curieux, je
m'approche. C'est une presse à briquettes qui fonctionne
avec quelques ouvriers pour l'alimenter et pour retirer les
briquettes pressées. Il y a un gros tas de poussière
de charbon et des fûts qui doivent contenir le liant. Les
briquettes sont similaires à celles qu'on utilisait dans les
restaurants coréens. Je ne sais pas si la Corée du
Sud a des mines de charbon.
Cliquez
sur
les images pour les agrandir
Je me souviens qu'en
Matheysine,
du temps de la mine, on faisait des
boulets avec la poussière de charbon et du brai comme liant.
On
brûlait ces boulets dans les poêles à
charbon. Le brai est je crois un résidu de la distillation du
goudron de houille (coaltar en anglais). Les brochettes
préparées
au-dessus des briquettes doivent être
particulièrement carcinogènes.
Google Earth me dit que j'ai quand même
marché 17,5 km
sous le soleil.
Dimanche 13 juillet 2008
Commentaires sur
mon
chantier
Je dois faire de gros travaux de modification sur ma machine. Pour
intervenir sur la tripaille interne, il faut trépaner
l'enveloppe externe. J'ai donc acheté des outils avec l'aide
de
mes Chinois. Le quincailler de la petite ville est le maître
d'une véritable caverne d'Ali-Baba : il
possède des
trésors pour un bricoleur, mais pas vraiment les accessoires
de
l'industrie moderne. Certains outils basiques, comme une pince
multiprise, sont inconnus ici. J'ai donc acheté divers outils
à main, des films plastiques, de la corde etc.
Pour découper l'enveloppe il me faut des meuleuses avec des
disques à tronçonner et une scie sauteuse capable de
découper quelques mm d'acier. On me propose du
matériel
d'une marque européenne bien connue, mais bien sûr
fabriqué en Chine. Première constatation : les
meuleuses
n'ont pas de poignée comme sur la photo de l'emballage. Dans
la
documentation en Chinois on explique que les accessoires ne sont pas
forcément fournis. Ensuite mes Chinois ont eu du mal pour
installer une lame dans la scie sauteuse et sont retournés
chez
le marchand, tellement ils sont habitués au matériel
défectueux. Il suffisait de bien lire la notice pour monter la
lame de scie. J'ai aussi pris une paire de bleus de travail pour cette
intervention salissante. On m'a fourni une taille pour gros
Chinois :
les manches de la veste m'arrivent au coude et le pantalon ressemble
à un bermuda pour une
statue
du Bouddha. J'ai dû ouvrir les
boutonnières avec un couteau, mais de toute façon les
principaux boutons ont seulement tenu quelques minutes. De
même
les passants de la ceinture on vite lâché,
même sans
ceinture. C'est la qualité locale. On comprend que si j'ai
besoin d'un tube dans une matière bien précise, il
vaut
mieux qu'on me l'envoie depuis l'Europe.
J'ai acheté un aspirateur. Mes Chinois en faisaient
de ces
yeux ronds ! Il me semble que la plupart de mes collègues
locaux
n'en connaissaient pas l'usage. Je me suis rendu compte en le
déballant qu'il est livré avec un tuyau et juste une
seule brosse, sans autre accessoire comme chez nous. Vu l'état
des moquettes de l'hôtel, je pense que l'aspirateur ne fait
pas
encore partie des appareils d'usage courant.
J'ai aussi acheté des lunettes pour meuler, ce qui a beaucoup
étonné mes Chinois. Ils pensent que ces lunettes
enveloppantes sont faites pour protéger du vent. Des lunettes
pour meuler ? Pourquoi pas un casque pour conduire une
moto ?
En fait ces lunettes ne sont pas adaptées aux nez
occidentaux, et quand j'ai forcé un peu dessus pour faire
entrer mon organe olfactif j'ai cassé les lunettes. Puisqu'on
parle de sécurité, je dois dire que la
manière de
travailler ici avec l'électricité et avec les gaz
sous
pression est effrayante. Ou alors c'est peut-être nous en
Europe
qui prenons des précautions excessives. Je doute pourtant
qu'on
envoie ici un patron en prison si un ouvrier est tué sur le
chantier.
Et me voilà travaillant à la Chinoise, c'est
à
dire sans établi, accroupi avec les deux pieds bien à
plat. Essayez de tenir quelques minutes comme ça, les deux
talons au sol et sans tomber sur le cul. Je dis "à la
Chinoise",
mais tout l'Orient travaille comme ça. Les Coréens de
mon
ancien chantier ou mes Indiens du Qatar se tenaient souvent dans cette
position, parfois pour travailler, en général pour ne
rien faire.
Quand des gens discutent dans la rue ou jouent aux cartes ils
s'accroupissent ainsi. Souplesse et
équilibre, On admire.
En découpant l'enveloppe de ma machine, je revois les images
de
"On a marché sur la lune", au retour de la fusée sur
terre, quand les techniciens en découpent l'enveloppe pour
sauver l'équipage de l'asphyxie. Vous remarquez que je fais
souvent référence à Tintin. C'est
peut-être
que j'ai débuté la lecture avec Tintin et Pif le
Chien.
Fin juillet
Avec mes
collègues de France
C'est la première visite en Chine de mes deux
collègues qui sont venus pour une dizaine de jours. Si Yungang
est plus représentative que Beijing de la vie en Chine, je
comprends bien que mes collègues aient envie de voir le Centre
de Beijing et la Grande Muraille. Comme nous ne travaillons pas ce
samedi nous avons pris un taxi qui nous a laissé place Tian An
Men. Nous faisons le tour de la Cité Interdite et nous montons
sur la colline qui se trouve au Nord, avec ses jardins et ses temples.
La vue est magnifique, malgré le smog qui recouvre Beijing.
Mes collègues jouent à fond leur rôle de
touristes et se font photographier en costume d'empereur. Nous mangeons
du canard à la Pékinoise et d'autres plats
délicieux dans un restaurant. Un peu plus loin nous sommes
harponnés par une jeune guide qui parle un peu
Français. Nous acceptons ses services et elle nous montre
quelques jolis coins qui nous auraient échappé. Elle
fait bien son métier en nous emmenant dans les boutiques
où elle a son pourcentage, mais sans grand succès.
Comme elle est dégourdie et que mes collègues ont
envie d'aller voir la Grande Muraille sans passer par les voyages de
groupe, elle nous organise une excursion pour le dimanche.
Ce dimanche, c'est donc de nouveau la grande muraille à
Badaling. Cette fois nous allons du côté sud, où il y
a un peu moins de visiteurs, pour une raison qui m'échappe.
C'est aussi sportif que de l'autre côté, mais ça fait
du bien de faire un effort dans cette atmosphère moins
polluée que celle de la ville. Nous rentrons à
Yungang assez tôt pour aller boire une bière avant le
dîner.
Avec mes collègues de France
|
Cliquez
sur
les images pour les agrandir
Yungang est une petite ville, je l'ai déjà dit. Il
faut bien faire quelque chose en dehors du travail et du sommeil. Nous
mangeons habituellement à l'hôtel. Parfois nos
Chinois nous emmènent dîner au restaurant. C'est
l'occasion de découvrir quelques plats surprenants. Ou encore
de déguster cette bière verte qui est parait-il
brassée avec des algues.
Nous allons souvent prendre un verre chez Gologolo. Ce n'est pas son
nom, mais c'est à peu près ce qu'il crie lorsqu'il
est derrière son barbecue. Ça veut peut-être
dire "par ici les bonnes brochettes". Gologolo est le
maître d'un établissement en plein air situé
sur un lieu de grand passage. Ses brochettes de calmar sont
excellentes.
Le matin mes collègues donnent à manger aux poissons
de la mare dans le parc de l'hôtel. On dirait que les poissons
en ont pris l'habitude.
Le soir il y a sur un trottoir un accordéoniste qui
joue de son instrument, parfois accompagné d'autres musiciens.
Quand il nous voit arriver il est ravi de déployer tout son
répertoire occidental. Il y a des rythmes slaves, qui
proviennent peut-être d'un recueil de l'Armée Rouge.
Nous reconnaissons au passage "le temps du muguet" et quelques autres
airs populaires. Quand nous connaissons quelques paroles nous chantons,
à la grande joie du musicien et de quelques badauds. Le moment
de gloire est quand l'accordéoniste s'attaque à
Carmen et que nous chantons "Toreador..."
À
Yungang avec mes collègues
|
Cliquez
sur
les images pour les agrandir
Début août
Collègues Chinois
Mademoiselle W. a vu des noirs à Beijing, probablement des
Afro-Américains. Elle me dit qu'ils ont des gros yeux. Comme
elle a une prononciation de l'Anglais différente de la mienne,
j'ai d'abord compris qu'ils avaient des gros culs. Après
quelques phrases truffées de quiproquos tout s'arrange. Elle
nous demande alors si, quand ils vivent longtemps en Europe, ils
deviennent aussi clairs que nous. Mademoiselle W. nous a
régalés d'autres perles de culture. En voici un
exemple.
Notre soudeur Didier porte un élégant tatouage sur le
bras. Après une dizaine de jours, Mademoiselle W. pose la
question qui la ronge : est-ce que ça part au lavage ?
Mademoiselle W., qui lit bien l'Anglais et sait que nous utilisons une
écriture similaire, a remarqué aussi que Didier soude
et
dessine de la main gauche. Elle demande alors s'il écrit de
droite à gauche.
Il y a quelques jours un minuscule gecko s'est égaré
dans
notre chantier. Mademoiselle W. nous a dit que c'était
peut-être venimeux. Quand je l'ai attrapé
délicatement pour le mettre dehors, Mademoiselle W. est partie
en hurlant, croyant sans doute j'avais l'intention de le glisser dans
son corsage, à la façon des Occidentaux
pervers et dégénérés.
Il y a de toute façon un problème de culture. Nous
voulions aller faire un tour un soir à Beijing, pour manger
dans
la rue et boire quelques bières. Deux personnes du site
devaient
nous accompagner, et nous avions bien expliqué ce que nous
voulions. Hélas, le résultat fut une
expédition au
bord d'un lac, avec restaurant (bon) pendant que les taxis nous
attendaient. Nos accompagnateurs avaient en réalité
déjà dîné avant de partir (nous
avons quitté l'hôtel à 18H15). Il vaut en
général mieux se
débrouiller sans les Chinois. C'est beaucoup plus simple et on
a
des chances de trouver ce qu'on veut.
Dimanche 24 août 2008
Promenade sur la
Montagne
Qian Ling
Ma collègue Cécile est venue me rejoindre cette
semaine.
Ce dimanche nous allons faire une promenade ensemble. Comme je sais que
Cécile est une montagnarde accomplie, je ne crains pas de
l'emmener marcher en petite montagne. Il s'agit d'un coin que
j'avais déjà un peu repéré,
à une
dizaine de kilomètres au nord-ouest de Yungang. Cette fois je
sais quel bus prendre pour arriver presque au pied de cette montagne
qui porte le nom de Qian Ling.
Le site est aménagé pour recevoir des visiteurs et il
faut payer un droit d'accès. Il y a même eu beaucoup
d'aménagement. Au lieu des sentiers que j'attendais, nous
gravissons de véritables marches d'escaliers
réalisées avec des pierres et du mortier. Les Chinois
ont
même fabriqué de faux troncs d'arbres et de faux
rochers
en ciment qui sonnent creux quand on tape dessus. Si certains de ces
objets dissimulent des tuyaux ou des câbles, d'autres semblent
avoir uniquement un but décoratif. Il y a pourtant beaucoup de
rochers naturels dans cette montagne. Il y a aussi des vrais arbres. On
se rend compte cependant qu'ils ont été
plantés.
Si à courte distance on a l'impression d'une
végétation naturelle, de plus loin on remarque que
les
arbres forment des bandes horizontales. De plus chaque arbre est
entouré d'un petit muret pour retenir l'eau et éviter
le
ravinement. Un travail de Chinois, comparable à la
construction
d'une Grande Muraille.
Malgré tous ces efforts d'aménagement il n'y a pas
foule.
Tant mieux, les escaliers sont à nous. Nous comprenons que la
montagne comporte de nombreuses grottes qui sont depuis longtemps
aménagées en lieux de dévotion. Tous ces
temples
ont été rénovés et manquent un peu
d'authenticité. Il y a aussi des pagodes de pierre, trop
récentes, un stupa bien blanc et une énorme statue
dorée du Buddha. On y trouve aussi des boutiques de souvenirs
et
un restaurant, mais les clients sont bien sûr encore plus
rares
que les visiteurs.
Les panneaux d'information nous disent que la montagne culmine
à
699 mètres d'altitude. Ils nous disent aussi que la
vue
s'étend jusqu'à Beijing, mais, malgré les
mesures
récentes pour limiter la pollution, on ne voit pas plus loin
que
quelques kilomètres.
Nous redescendons par un autre chemin, toujours de pierres et de
mortier. Ensuite un aimable automobiliste nous évite quelques
kilomètres marche sur la route en nous ramenant à
l'arrêt du bus pour Yungang.
Cliquez
sur
les images pour les agrandir
En retrouvant cette montagne Qianling avec Google Earth, je me rends
compte que nous étions très près des temples
de Jie Tai que j'avais
visités au début du mois de juin.
Dimanche 31 août 2008
Grande Muraille
(ter)
Maintenant nous sommes trois Européens sur le chantier, depuis
que Jean-Luc est venu nous rejoindre, Cécile et moi. Ce
dimanche
nous ne travaillons pas et il fait très beau. Nous avons
convenu de visiter une section rénovée mais pas
encore trop fréquentée de la Grande Muraille.
Après quelques recherches sur Internet, le choix s'est
porté sur la section de Mutianyu (en
Chinois: 慕
田峪
;
en
pinyin:
Mùtiányù).
Vers 09H nous trouvons un taxi à Yungang, dont le chauffeur
pourra sans
doute raconter à ses petits-enfants qu'il a une fois
fait
une course pour 720 Yuans, dont cinq heures d'attente, et sans
compter les péages autoroutiers. La région que nous
traversons produit toutes sortes de fruits et le paysage
vallonné
est plutôt agréable.
Mon guide de voyage (
Lonely Planet)
dit que Mutianyu est une option
fréquentée mais moins commerciale que Badaling.
Effectivement, les boutiques de souvenirs sont de taille plus modeste
qu'à Badaling, mais proposent le même genre de
T-shirts,
casquettes etc. Il y a aussi des figurants en costume de
garde-frontière de je ne sais quelle dynastie qui
proposent
de se faire photographier avec nous. On voit aussi quelques chameaux
qui ruminent paisiblement en attendant le touriste. Il y a beaucoup,
beaucoup, moins de visiteurs qu'à Badaling. Cependant
Jean-Luc, qui n'a pas vu Badaling, trouve l'ambiance quand
même trop commerciale.
Les Chinois ayant construit leur muraille sur les crêtes,
ça monte beaucoup pour rejoindre l'ouvrage. Bien sûr
il y
a une télécabine, mais d'abord nous voulons
mériter
le spectacle, et ensuite nous sommes de la montagne, que diable. C'est
donc après quelques litres de sueur nous arrivons au pied de
la
Muraille. Il y a trois kilomètres qui ont
été bien
rénovés (trop bien ?) et sont ouverts au
public. La promenade sur la Muraille offre aujourd'hui un beau panorama
sur les montagnes et on voit même Beijing, pourtant
située à 50 km en ligne droite.
La
Grande Muraille
à Mutianyu
Cliquez
sur
l'image pour l'agrandir (puis taille réelle et ascenseur)
Grande Muraille à Mutianyu
|
Cliquez
sur
les images pour les agrandir
En redescendant nous trouvons un petit restaurant pour
déjeuner vers 14H. Les prix sont à peu près
trois fois ceux d'un restaurant similaire à Yungang. Mais les
visiteurs sont là et les Chinois ont raison d'en profiter.
Début septembre 2008
La Faune
Ceux qui me connaissent savent que j'aime bien les petites
bêtes.
On ne voit pas d'animaux spectaculaires à Yungang.
Voilà
cependant quelques bestioles rencontrées sur le chantier ou
aux
alentours.
Petite faune de Yungang
Cet insecte hésite entre la
stratégie
du phasme et celle de la sauterelle |
Insecte sauteur qui sait aussi voler
(peut-être une grosse cicadelle) |
J'ai vu plusieurs mantes
près de ma machine.
Est-ce qu'elle les attire ? |
J'ai vu quelques geckos à
l'hôtel
et j'ai réussi à les attraper |
J'ai assisté à
l'invention de
la fermeture à glissière |
|
Cliquez
sur
les images pour les agrandir
Mi-septembre 2008
Voyage dans l'Ouest Lointain
|
|
Je viens d'avoir une semaine de congés. J'ai choisi de rester
en Chine, et de visiter un peu les régions de l'Ouest. Je suis
allé du coté de Dunhuang (Province de Gansu), de
Turpan et Urumqi (Province de Xinjiang). J'ai mis quelques images de ce
voyage
sur cette
page.
12 octobre 2008
Je quitte Yungang
C'est terminé. La machine marche bien et les Chinois sont
à peu près capables de s'en servir. Ma mission
s'achève, après plus de cinq mois à Yungang
(hormis une nuit au Japon pour une astuce de visa). J'aurais pu vous
parler de tant de choses encore. Je n'ai rien dit sur la nourriture. Ni
sur les deux-roues, qui ici ont souvent trois roues et sont de plus en
plus équipés d'un moteur électrique. J'aurais
aussi pu vous en dire un peu plus sur mon chantier ou sur les quelques
personnages notables rencontrés pendant cette mission. Mais tant
pis.
Après tout ce temps, ça me fait quelque chose de quitter
Yungang. Ce dimanche matin je suis allé faire un grand tour en
ville. C'est probablement la première fois que j'y vais aussi
tôt un dimanche. Il y a comme partout en Chine les gens qui
prennent le petit déjeuner dans la rue, parfois en terrasse,
parfois debout autour des tricycles des marchands de raviolis, petits
pains à la vapeur, etc. J'ai toujours trouvé ça
sympathique et c'est dommage que je n'aie plus faim. Il fait
très beau (visibilité 30 km au moins). Il y a
déjà un bal près de la Rue des Mariages. Je
repasse une dernière fois au marché couvert et je vais me
faire coiffer à mon salon préféré, le plus
petit et le plus ancien de Yungang. Ensuite je vais faire un dernier
tour au parc en haut de la colline. J'ai beau dire que "chez soi, c'est
là où on accroche son chapeau", je crois que je suis un
grand sentimental.