Lecture audio du
chapitre (encore expérimental et pas mis à jour)
Prologue
L'introduction est en général la partie la plus ennuyeuse d'un
ouvrage. C'est parfois un simple avertissement au lecteur, ou encore un
préambule rédigé par l'auteur, lorsqu'il se sent obligé de justifier
ainsi sa prose. D'autres fois c'est une préface composée par l'éditeur
ou par un confrère flagorneur (très souvent en échange d'un retour
d'ascenseur). Je me force habituellement à parcourir ces textes
préliminaires qui retardent le plaisir espéré de la lecture des
premières pages. En général on se passerait bien de ces préludes, trop
fréquemment insipides.
Quand il s'agit d'un prologue comme ici, le but est de présenter très
succinctement le contexte. C'est ce que je vais tenter de faire dans ce
préambule, en promettant de ne pas vous gonfler trop longtemps.
À qui s'adresse cet ouvrage ? D'abord et surtout à moi-même, pour
ordonner quelques souvenirs disparates. Ensuite à tous ceux qui auront
envie de le lire, possiblement un jour nos petits-enfants. Si le texte
survit, peut-être même sera-t-il lu par des générations futures. On
peut rêver.
Reprenons l'incipit de ce livre : « Je suis né pendant les
trente glorieuses », qui permet de me placer dans notre Histoire
et d'engager ma petite histoire personnelle. Je suis donc un enfant de
ces années heureuses, plutôt insouciantes et optimistes dans nos
sociétés occidentales. Si le travail était pénible, et même dangereux
pour les métiers les plus physiques, il était rarement précaire et on
ne parlait pas de stress ou de burn-out comme on dit maintenant. Bien
sûr il y avait de la misère et beaucoup de nos contemporains ont été
oubliés par l'arrivée du confort, sans même parler du tiers-monde. Puis
il y a eu les mouvements de 1968 en Europe qui ont apporté un peu
d'espoir, mais aussi quelques idées novatrices et des changements
manifestes dans notre société, des améliorations réelles que les
gouvernants essayent toujours de désagréger.
Ma vie professionnelle a commencé vers 1980, à la suite d'études que
j'avais choisies parce qu'elles m'intéressaient, pas du tout pour avoir
un débouché rémunérateur. Nous étions beaucoup comme ça dans les
années 70, mais il fallait quand même que la famille puisse
participer aux dépenses de l'étudiant et c'était donc une petite
injustice sociale. J'ai eu la chance de faire ces études, la chance de
rencontrer Françoise et d'être heureux avec elle.
J'ai choisi de rédiger ce texte avec les voyages comme fil conducteur.
En effet j'ai aussi eu ce privilège de voyager, avec mes parents, avec
Françoise et surtout tout seul, professionnellement et à titre
personnel. Il y a un adage qui dit que les voyages forment la jeunesse.
Je ne sais pas si c'est vrai, et je ne crois même pas que les voyages
puissent encourager un esprit de tolérance. Pour moi ce sont surtout
des bons souvenirs, quelques rares contacts qui durent encore, et bien
sûr l'envie de retourner dans tous ces pays ou d'en découvrir d'autres.
Dans ce texte je parle surtout de moi. J'ai préféré évoquer très peu
Françoise et nos enfants. De même j'ai conservé un regard bienveillant
et j'ai oublié les quelques situations désagréables qui ont pu exister.
Voilà, comme promis je ne vais pas vous ennuyer plus que nécessaire, et je termine ainsi ces prolégomènes.
Bonne lecture à vous.