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chapitre (encore expérimental et pas mis à jour)
Chapitre 6 : La vie professionnelle
Nous sommes donc revenus en France fin mars 1983, après cette
année dans l'hémisphère sud. Dans un premier temps nous avons posé nos
valises à Monteynard. Il faisait encore bien froid, et quand après
quelques jours un couple d'amis nous a proposé de loger avec eux à
Grenoble nous avons vite accepté. Pierre et leur petite fille
s'entendaient bien. Un copain m'avait conseillé une agence d'intérim
pour trouver du travail. J'ai donc rapidement commencé comme
mécanicien-ajusteur chez Neyrpic, au sud de la ville, où je me rendais
avec un très vieux vélo qui avait appartenu à mon père. J'avais
toujours des contacts avec le Laboratoire de Glaciologie, et encore
quelque espoir d'y obtenir un poste. J'ai donc alterné pendant quelques
mois les petits emplois de vacataire au laboratoire et les travaux
techniques dans plusieurs entreprises de l'agglomération. J'ai ensaché
des produits, j'ai été monteur, mécanicien d'entretien, cariste ou
encore ouvrier de structure chimique, souvent en travail posté. En fin
d'année j'ai passé le permis de conduire, ce qui était pratique pour me
rendre au travail les nuits pluvieuses à Pont-de-Claix ou à
Champagnier. Comme nos amis avaient trouvé un autre logement, nous
avons repris l'appartement, et Françoise s'est lancée dans son métier
de psychologue clinicienne. Notre fils Pierre a débuté l'école dans le
quartier de l'Île Verte à Grenoble.
Au Laboratoire de Glaciologie il y avait un projet d'étude avec les
Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire. Ce chantier naval avait dans
ses cartons l'idée d'un méthanier brise-glace pour aller chercher du
gaz naturel dans les îles du Grand-Nord canadien. Il fallait donc
réaliser une étude bibliographique des propriétés mécaniques de la
glace de mer. Une partie de cette étude pouvait se faire au bureau, à
partir des ouvrages disponibles dans la bibliothèque du labo. Mais
avant Internet la littérature sur n'importe quel sujet n'était pas
accessible de partout et un déplacement en Amérique du Nord avait été
prévu au budget pour visiter des laboratoires et des bibliothèques.
C'est ce que j'ai fait au printemps de 1984, accompagné pendant
quelques jours par un ingénieur du chantier naval. Nous avons donc
rendu visite à quelques spécialistes au Canada et dans l'Est des
États-Unis. Je suis aussi allé voir un labo à Vancouver, et comme je
m'étais débrouillé pour être sur place pendant le grand week-end de
Pâques j'en ai profité pour visiter la région et surtout Vancouver
Island avec une voiture de location.
Après ce premier voyage en Amérique du Nord j'ai repris les missions
d'intérim pendant quelque temps. En liaison très floue avec le Labo de
Glaciologie il y avait une structure un peu nébuleuse qui avait étudié
la grêle et venait d'obtenir un contrat avec EDF pour analyser le
phénomène appelé neige collante. Ils cherchaient quelqu'un pour
participer à cette étude et ça me convenait bien. Il s'agissait
d'observations de terrain et de modélisation simple. Des partenaires
japonais d'EDF avaient le même intérêt dans l'étude de la neige
collante et avaient construit un modèle expérimental dans une petite
ville qui s'appelle Ishiuchi. J'y ai passé trois semaines en 1985, pour
mes trente ans. C'est d'ailleurs là que j'ai pratiqué pour la dernière
fois le ski de piste, après une interruption de douze ans. Le Japon a
donc été mon premier contact avec l'Asie. Il convient de remarquer
qu'en 1985 les avions d'Air France ne passaient pas au-dessus de l'URSS
et le trajet vers le Japon se faisait en direction de l'ouest, avec une
escale à Anchorage. D'ailleurs en 2024 il y a toujours des zones
évitées, et c'est ainsi que pour aller de Paris à Séoul on évite
l'Ukraine, la Russie, la Syrie et l'Iran en passant au-dessus du
Caucase.
C'est aussi en 1985 que nous avons déménagé, toujours à Grenoble, dans
un appartement dont nous serions propriétaires après beaucoup d'années
de paiement. Pierre a changé d'école et s'est vite fait beaucoup de
copains. Comme sa scolarité s'est déroulée sans heurt, je n'ai pas
beaucoup eu l'occasion de rencontrer ses professeurs. Je suis resté
quelque temps salarié dans cette petite structure, et plus tard une
véritable entreprise, société anonyme, a été constituée pour continuer
ces études climatiques, avec EDF comme client principal. J'avais un
contrat à durée indéterminée, un CDI comme on dit. En 1986 il y avait
un symposium sur l'interaction entre la glace, sous toutes ses formes,
et les structures. Ça se passait à Vancouver. Normalement le directeur
de la société devait y présenter nos études. Malheureusement il y a eu
un décès dans sa famille et je m'y suis rendu à sa place, pour ma
deuxième visite dans cette belle région. La conférence comportait même
une visite en hélicoptère au-dessus des montagnes. Nous avions aussi
noué des contacts avec des chercheurs québécois et quelques temps plus
tard je suis allé à Chicoutimi pour un séjour d'environ deux semaines.
Bien sûr j'ai un peu voyagé dans la région du Saguenay et du Fleuve
Saint-Laurent. Pour diverses raisons de combines administratives il y a
eu une parenthèse pendant laquelle j'ai été officiellement employé
pendant quelques semaines par une autre société, à Crolles, mais
c'était toujours pour le même travail, surtout de la cartographie
d'aléa climatique. Je suis partiellement à l'origine de l'utilisation
rationnelle de ces contrepoids qu'on voit sur les câbles de certaines
lignes électriques en montagne.
Je m'étais un peu essayé au parapente, très modestement, en suivant
deux fois une initiation d'une semaine, en Matheysine. Un souvenir
particulier est un vol sur le Châtel (que les huguenots du Trièves
appellent le Bonnet de Calvin) : nous avions volé en compagnie
d'aigles royaux qui sont présents sur cette montagne. Je n'ai jamais
fait de vol en duo. J'avais envisagé de m'équiper en matériel, mais
outre le prix plusieurs éléments m'en ont dissuadé, comme la crainte de
ne plus rien faire d'autre et aussi de contrarier d'autres activités et
distractions avec Françoise et notre fils Pierre.
En 1990 nous commencions à avoir un peu d'aisance financière. Mon court
passage en Nouvelle-Zélande sur le chemin de l'Antarctique m'avait
donné une forte envie de visiter ce pays. Alors nous sommes partis tous
les trois vers les antipodes. Pierre qui n'avait pas encore dix ans a
raté quelques jours de classe, avec la bénédiction de son professeur
d'école. Nos billets d'avion prévoyaient une escale d'un jour complet à
Bali, ce qui a fait un premier contact avec l'Asie pour Françoise et
Pierre. En sortant de l'aéroport à Auckland nous avons facilement
trouvé un loueur de camping-car et nous avons visité les deux îles
principales. C'était notre premier grand voyage en famille après le
séjour en Australie. Pierre était assez grand pour en conserver des
souvenirs, en particulier de la faune observée, les manchots, les
otaries, les wekas et les albatros. Il avait aussi été impressionné par
les gigantesques pieds d’un géant polynésien qui dormait sur un banc de
l’aéroport.
Quelques années plus tard, en août 1993, nous sommes allés au Brésil
afin d'accueillir Alex dans notre famille. Nous sommes restés quatre
semaines, principalement à São Carlos, petite ville dans l'État de São
Paulo. Notre sympathique contact local nous avait prêté sa Volkswagen
Brasilia, qui était déjà une voiture vintage. Il avait aussi arrangé
quelques jours dans la petite station balnéaire de Caraguatatuba, et à
cette occasion nous avons loué une Volkswagen Gol qui fonctionnait à
l'alcool, carburant largement utilisé dans ce pays. Comme Alex avait à
peine onze ans, Pierre conservait son droit moral d'aînesse et tout
allait bien ou presque. C'était notre premier voyage en Amérique du Sud.
C'est aussi cette année-là que j'ai voulu changer d'emploi. Un
instrument de géophysique, le radar de subsurface, commençait à faire
partie des appareils utilisés en géotechnique. J'avais eu l'occasion de
m'initier à ce procédé non-destructif d'imagerie du sous-sol. Une
petite société spécialisée dans la géotechnique souhaitait s'équiper de
cet appareil, plutôt coûteux. J'ai commencé à travailler avec eux et je
suis allé apprendre à utiliser l'appareil chez le fabricant, au New
Hampshire, sur la Côte Est des États-Unis au tout début de 1994. Là-bas
j'ai assisté à une de ces impressionnantes tempêtes de neige qui
frappent parfois la Nouvelle-Angleterre. C'était ma deuxième visite aux
USA, dix ans après l'étude bibliographique de 1984, mais je n'avais
toujours pas vu grand chose de cet immense pays.
J'ai travaillé quelques années dans cette société, essentiellement dans
la moitié sud de la France. Il y a eu aussi un travail dans les égouts
de Montreux. En sortant de ces intéressantes et odorantes canalisations
avec mes deux collègues, nous avons remarqué une réception à
l'Ambassade du Japon, dans laquelle nous nous sommes glissés. Si nous
avons bien apprécié le buffet, je ne peux pas me prononcer pour les
autres convives.
Dans ce contexte géotechnique je pratiquais aussi le contrôle de pieux
et les essais de pénétration, ce qui faisait bien ricaner mon
entourage. Nous avons eu quelques difficultés et j'ai repris ma liberté
à la faveur d'une restructuration. Mes indemnités de chômage, surtout
liées à mon emploi précédent, étaient confortables. Ayant repris
contact avec la société d'intérim pour laquelle j'avais travaillé
auparavant, j'ai alterné pendant quelque temps les périodes de travail
temporaire et de chômage. J'ai aussi fait un peu de travail au noir, je
peux le dire maintenant car il y a prescription. C'était avec une
société de logistique qui travaillait essentiellement dans le domaine
des équipements pour laboratoires pharmaceutiques. On m'avait chargé
tout spécialement de liquider les « loups », ces retards de
livraison au client final dus à des délais ou erreurs de livraison du
fabricant. J'ai plusieurs fois livré moi-même quelques flacons spéciaux
à un grand laboratoire ou institut de biologie situé près de Lyon.
C'était plutôt intéressant, pourtant ce n'était pas une vocation et
après quelques mois j'ai repris les emplois techniques.
C'est aussi vers cette époque que des potes d'une petite société de
géophysique m'ont proposé une étude d'impact. Il s'agissait de
contredire, presque point par point, une étude d'impact favorable à
l'extension d'une carrière du côté de Vaison-la-Romaine. Cette
contre-étude était commandée par les vignerons du coin. J'espère avoir
contribué à limiter les nuisances. En tout cas j'ai bien aimé ce
travail d'environ deux mois, même si ça ne m'a pas emmené plus loin que
Vaison-la-Romaine.
Toujours vers la fin des années 90 j'ai eu un emploi dans une société
qui fabriquait des machines spéciales, sur ce qu'on appelait la ZIRST
de Meylan et qui est plus tard devenue Innovallée, ça sonne mieux.
C'était un atelier où on réalisait des machines uniques destinées à
tester des organes pour l'automobile, comme des pompes à essence ou des
alternateurs, ou encore des disjoncteurs électriques. Il y avait donc
beaucoup de montages de châssis et supports, de vérins pneumatiques, de
petits moteurs… Bref, le rêve d'un bricoleur. De plus le chef d'atelier
nous laissait faire un peu de perruque avec le tour ou la fraiseuse.
J'ai été salarié directement par cette société pendant un an. Un jour
j'ai été envoyé du côté de Rouen pour régler une machine qui contrôlait
des appareils électriques. Le client, très satisfait, a même envoyé un
fax élogieux sur ma prestation, ce qui est plutôt sympa. C'est le seul
déplacement que j'ai fait en liaison avec ce boulot.
Ces années-là je participais souvent aux petites courses à pied
organisées dans l'Isère, toujours à mon niveau très modeste. Alex
faisait les courses dans sa catégorie d'âge, avec beaucoup plus de
succès. Il était inscrit au GUC, club d'athlétisme de Grenoble, et
tenait bien sa place dans les interclubs et championnats
départementaux. Ma seule course à l'étranger a été le Marathon de
Turin. Je préférais les petits marathons sans prétention où nous étions
beaucoup moins nombreux.
L'année 1999 a sans doute été déterminante pour ma vie professionnelle.
Il se trouve que j'ai oublié de me rendre à un rendez-vous dans une
agence d'intérim. Que se serait-il passé si je n'avais pas oublié cet
entretien ? C'est un autre point de départ pour une uchronie, mais
personne ne va raconter cette histoire parallèle. Quelques jours plus
tard mon agence habituelle m'a proposé une mission importante. À
Sassenage la Division des Techniques Avancées de la société Air Liquide
cherchait en urgence un technicien pour aller démarrer une de ses
installations en Belgique. Il faut croire que j'ai fait illusion
pendant la prise de contact à Sassenage, ou alors ils étaient vraiment
désespérés. Bref, après une semaine à essayer de comprendre comment
lire un schéma électrique et à potasser les documents, je me suis rendu
en Belgique wallonne où on m'attendait avec impatience. En réalité le
client n'était pas tout à fait prêt, heureusement pour moi. J'ai donc
eu tout le temps de faire mon boulot en compagnie de Giuseppe, le
technicien du client. Lui, il a bien dû se rendre compte de mon
ignorance profonde du métier, mais tout s'est bien passé. J'ai appris
beaucoup de choses sur les capteurs et l'instrumentation, et aussi un
peu sur la cryogénie, tout ce qui allait devenir le cœur de mon
activité principale. J'ai bien sûr visité la Belgique pendant les
quelques semaines de ce chantier. Beau petit pays très accueillant.
Puisque le démarrage de cette installation en Belgique s'était bien
passé, que le client était content, on a souhaité me garder à
Sassenage. Comme j'étais toujours en intérim j'ai officiellement et
successivement remplacé beaucoup de monde pour rester en règle avec les
conventions du travail temporaire. En réalité j'ai alterné le travail
sur la zone d'essais du site et les missions de démarrage
d'installations. Un démarrage peut durer une semaine pour une machine
très simple, hors complication, et jusqu'à plusieurs mois pour une
installation plus complexe, voire plusieurs années pour des gros
chantiers qui dépendent fortement de l'avancement de l'infrastructure
du côté du client (et aussi de la quantité de documents réglementaires
qui sont exigés). Si je ne me trompe pas, cette année 1999, outre des
petits chantiers en France j'avais fait une petite maintenance en
République Tchèque, une mission à Catania en Sicile et une mission à
Singapour. Depuis Singapour j'avais pu me permettre quelques virées en
Malaisie, et j'étais allé jusqu'à Malacca.
Ensuite comme on avait besoin de moi sur le long terme, on m'a proposé
une embauche en CDI, que j'ai acceptée, et au premier janvier 2000 j'ai
été salarié de ce grand groupe. J'y suis resté jusqu'à la retraite, et
même un peu au-delà comme consultant. Ce n'est qu'à partir de 2003 que
j'ai tenu une feuille de calcul mémorisant tous mes déplacements
professionnels, donc je situe mal l'ordre des voyages précédant cette
date, et j'oublie sans doute plusieurs chantiers qui ne m'ont pas
marqué. Je me souviens quand même qu'en janvier 2000, juste après mon
embauche, j'ai eu une mission en République Tchèque. Sur mon chantier
enneigé il faisait ‑16 °C. Les ouvriers locaux avaient leur fiole
d'antigel à usage interne dans la caisse à outils, et ils tenaient à la
partager. Malgré la neige sur les routes j'avais fait une petite
excursion en Slovaquie. En décembre de cette même année j'avais un
petit chantier à Singapour. Là-bas on prenait peu de congés, mais en
2000 il y avait une sorte d'alignement des planètes : la fin du
Ramadan, une fête hindoue et Noël se présentaient en même temps.
Singapour a été mise au ralenti pendant plusieurs jours et nous avons
eu quatre jours complets de congés. J'en ai profité pour aller jusqu'au
Parc National de Taman Negara en Malaisie, en train, bus, taxi et
bateau, pour une visite beaucoup trop courte. Un des taxis était une
très vieille Mercedes, avec encore le compteur en miles qui, traduit en
kilomètres, avait largement dépassé le million, soit vingt-cinq fois le
tour de la Terre.
Ces déplacements à l'étranger apportaient un complément de salaire, et
en général je faisais un peu de gras sur les frais de mission
forfaitaires. Avec les revenus professionnels de Françoise nous avions
retrouvé un peu d'aisance financière. Nos enfants Pierre et Alex
devenaient de jeunes adultes autonomes, et au printemps 2001 Françoise
et moi sommes partis en voyage au Cap-Vert, notre première escapade
hors d'Europe ensemble depuis longtemps. Les années suivantes ont
apporté beaucoup de voyages professionnels, et aussi quelques voyages
de loisirs, seul ou avec Françoise. Ainsi en 2002 nous sommes allés
tous les deux en Nouvelle-Zélande, douze ans après notre première
visite à trois. Je parlerai plus loin de ces voyages de loisirs.
Mon temps de travail était de 210 ou 211 jours dans l'année.
Faites le calcul, ça fait 10 semaines de non-travail. J'avais donc
pas mal de congés, avec la souplesse de pouvoir les cumuler d'une année
sur l'autre. J'ai donc commencé à prendre des vacances de plusieurs
semaines, et pourquoi pas vers des destinations encore peu fréquentées.
De plus je pouvais profiter de billets d'avion à prix réduit avec tous
les vols accumulés sur plusieurs compagnies aériennes. Mais j'en
parlerai plus loin.
Je ne vais pas citer ici l'intégralité de mes voyages professionnels,
je vais seulement parler succinctement de ceux qui m'ont laissé des
souvenirs. À partir de 2003, comme je le disais plus haut, je sais très
exactement où j'étais professionnellement, grâce à une feuille de
calcul que j'ai bien tenue à jour. Pour les voyages personnels
significatifs j'ai souvent préparé une petite page web et je pourrais
aussi retrouver la date d'après les photos numériques. Cependant, au
lieu de faire une liste chronologique je vais plutôt les classer par
grandes régions du monde, en y mêlant quelques voyages
non-professionnels.
Commençons par le moins exotique, c'est à dire l'Europe. Avant les
années 2000, plus précisément avant 1999, j'avais peu voyagé sur notre
continent. À partir de ces années-là j'ai travaillé sur pas mal de
chantiers, que ce soit pour des installations nouvelles, pour des
maintenances régulières ou parfois pour des interventions d'urgence. Je
suis resté longtemps au CERN, entre la Suisse et la France, pendant
plusieurs années j'ai fait des maintenances régulières à Berlin et dans
la vallée de l'Elbe, et il y a eu d'autres chantiers en Allemagne, des
missions en Grande-Bretagne, en Suisse, aux Pays-Bas, en Belgique, en
République Tchèque, en Slovénie… et une courte intervention en Suède en
décembre 2023. En 2024 j'ai aussi fait deux voyages en Hongrie, sans
négliger la visite du pays, avec même une fin de semaine en Slovaquie.
En Italie j'ai passé beaucoup de temps sur plusieurs chantiers, ma
connaissance de la langue étant sans doute un argument pour ces
prestations. J'ai travaillé en Italie du Nord et j’ai eu plusieurs
missions en Sicile. Comme j'ai lu beaucoup de livres d'Andrea Camilleri
j'ai appris quelques mots et expressions du dialecte sicilien (« è una camurrìa ! »).
Je parle raisonnablement l'Italien, mais heureusement je ne le parle
pas assez bien pour risquer de passer pour un Milanais, comme on
appelle en Sicile les gens de l'Italie du Nord. Puisque j'étais en
quelque sorte allé en éclaireur j'ai pu retourner avec Françoise et
servir de guide dans plusieurs régions italiennes. Nous sommes aussi
allés dans des régions de la péninsule que je ne connaissais pas du
tout, et partout nous avons su apprécier la gastronomie locale.
Je n'ai jamais travaillé en Espagne. En revanche mon employeur m'avait
accordé en 2007 quelques jours d'initiation à la langue espagnole, du
côté de Madrid. C'était avant la folie des dossiers partagés et des
réunions sans intérêt, quand les sociétés avaient encore un peu de bon
sens, et surtout des ressources à utiliser à bon escient.
Parlons un peu de l'Amérique du Nord. J'ai déjà évoqué les voyages des
années 80 et 90 au Canada et aux États-Unis. Avec ce nouveau métier de
cryogéniste il y a eu de nouvelles occasions de voyages professionnels.
Le premier de ces voyages en Amérique du Nord pendant mon ère
cryogénique a été à Détroit, au mois de mai 2004. L'industrie
automobile US qui avait longtemps été le soutien de la ville avait déjà
beaucoup souffert, et Détroit ressemblait à une ville sinistrée. Cette
même année, à la fin de l'été 2004 avec Françoise nous avons traversé
le Canada, des Provinces Maritimes jusqu'au Pacifique, et j'en parlerai
plus loin.
En 2013 j'ai passé quelque temps sur un chantier à Vancouver, ma
quatrième visite dans cette belle ville de la Côte Pacifique. Avec mes
collègues je suis allé à Victoria, sur l'île de Vancouver, où j'étais
déjà allé en 1984.
Ensuite il y a eu deux missions, chacune d'une quinzaine de jours, au
Texas, pas loin du Golfe du Mexique. C'est un territoire avec des zones
humides où on voit facilement des alligators, des tortues aquatiques et
beaucoup d'oiseaux. Le siège régional de la société est à Houston, et
en cas de panne de l'installation on appelle le siège en disant
« Allo Houston, nous avons eu un problème ». J'ai visité
Galveston, où la ville se souvient encore de l'ouragan de 1900 et je
suis allé jusqu'à Baton Rouge en Louisiane. Les bayous et le passage
sur le fleuve Mississippi ont été les grands moments de ce voyage, mais
la nourriture cajun est également mémorable. Les Texans sont fidèles à
leur réputation. Ils allaient tous au travail dans un énorme véhicule
tout-terrain. Je vais placer une petite anecdote, quand même. Sur la
machine des Siciliens le mot de passe était « Bellini »,
comme le compositeur de Norma et de La Somnambule ; pour les
Texans le mot de passe était « Reagan ». On voit la
différence culturelle.
Ma plus longue mission aux États-Unis d'Amérique a commencé après mon
départ à la retraite, quand j'ai été employé comme consultant pour des
projets de cryogénie. En réalité avec ce titre ronflant je faisais
toujours le même travail de démarrage et maintenance d'installations.
Ce chantier était à Stanford, en Californie, sur le site de
l'accélérateur de particules appelé SLAC et le responsable de la
Cryogénie était mon ancien collègue Éric. La mission s'est faite en
plusieurs fois, au total je suis resté cinq mois sur ce chantier. Je
logeais à Palo Alto, au centre de la Vallée du Silicium, et pour le
dernier séjour j'avais trouvé une chambre à East Palo Alto, un quartier
beaucoup moins bobo. Je n'ai jamais eu d'attirance particulière pour
les États-Unis, mais le nord de la Californie est une région très
intéressante. Il y a San Francisco, bien sûr, mais aussi les paysages
de la côte entre l'Oregon et Big Sur, les phoques, les otaries, les
éléphants de mer et les baleines. Mon neveu Laurent habitait avec sa
famille à Santa Cruz, et ils m'ont invité plusieurs fois. La Sierra
Nevada n'est pas loin, avec Yosemite National Park, les séquoias
géants, le Lac Mono… Vers la fin de mon séjour je suis allé jusqu'à la
Vallée de la Mort.
Il y a eu enfin un petit séjour du côté de Las Vegas, au Nevada, en
juin 2024. On m’avait souvent dit que le Strip de Las Vegas la nuit (la
grande avenue des casinos où, passif, le croupier fait tourner ses
roulettes) était une des choses à voir aux États-Unis, avec le Grand
Canyon du Colorado. Je n’ai toujours pas vu le Grand Canyon, mais j’ai
pu faire de longues et belles promenades dans les régions
semi-désertiques du Nevada.
Passons à l'Asie. C'est le continent où je suis allé le plus pour
raisons professionnelles, et aussi où je suis allé le moins pour des
voyages personnels, en dehors de l'Antarctique, bien sûr, où je ne suis
jamais allé en touriste. J'ai déjà parlé de la mission au Japon en
1985, lorsque j'étudiais la neige collante. Avec le métier de
cryogéniste les occasions ont été nombreuses. Il y a d'abord eu les
deux petits chantiers à Singapour, évoqués précédemment, avec les
escapades en Malaisie. En 2019 j'ai eu deux nouvelles missions dans le
sud de la Malaisie, et j'en ai profité pour visiter de nouveau Malacca
et surtout pour passer quelques jours sur Pulau Tioman, une île avec
beaucoup de varans.
J'ai passé plus de temps dans d'autres pays. Le premier où je suis
resté longtemps est le Qatar, en 2004-2005. Il s'agissait d'un gros
chantier pour lequel j'ai supervisé une partie du montage, avant de
participer à la mise en service. Contrairement à mes chantiers
habituels où j'étais seul ou avec au maximum un collègue, cette fois
nous étions nombreux sur le site, avec une petite dizaine de Français,
quelques superviseurs étrangers et beaucoup de travailleurs d'Asie du
Sud, surtout des Indiens. Je dois dire que les prescriptions de
sécurité sur le chantier étaient extrêmes, il n'était pas question de
prendre la moindre liberté avec les règles de protection des personnes
comme on le faisait parfois en Europe dans le passé, sans parler des
nombreuses régions où de telles normes n'existent pas. Ces règles de
sécurité sont basées sur ce qui se fait aux USA, donc similaires à
celles qui existent en Europe, mais elles sont renforcées pour faire
face à des ouvriers qui pour certains sont peu qualifiés. Je me
souviens de la formation de sécurité de base pour les nouveaux
arrivants. On nous apprenait qu'il ne faut pas dormir sous un véhicule,
ni boire l'eau des flaques qui se forment après un orage. Cette main
d'œuvre ne coûte pas cher et le pays est riche. C'est pourquoi un
massif en béton qui doit seulement supporter une machine sera gratté,
poncé, mastiqué, apprêté avec un enduit, poncé de nouveau et peint avec
plusieurs couches d'une peinture de qualité supérieure. Pareil pour la
rampe d'escalier qui est ainsi parfaitement lisse, et cependant il y a
obligation de la tenir avec des gants pour ne pas prendre le risque de
se blesser. Sur ces chantiers avec une pléthore de travailleurs il
arrive quand même qu'on choisisse de faire un travail tout seul plutôt
que de le confier à une équipe de quinze Indiens, ça va plus vite,
surtout s'il faut monter une pièce de quinze kilos au deuxième étage,
parce que sinon il faut que le chef d'équipe coordonne les baliseurs de
zone, les élingueurs, les assistants élingueurs, le conducteur de la
grue, l'assistant du conducteur, les surveillants de zone et l'officier
de sécurité avec son petit assistant.
Pour la plupart des occidentaux détachés au Qatar il n'y avait rien à
faire dans le pays, hormis passer son temps dans les bars des quelques
hôtels qui servaient de la bière, ou à la rigueur traîner dans le
centre commercial. Heureusement dans notre groupe il y avait Marc.
Comme moi il tenait à découvrir les merveilles que cachait ce pays.
Presque tous les vendredis nous sommes allés quelque part avec notre
chauffeur Yousaf, un Indien du Kerala qui travaillait au Qatar depuis
plusieurs années. Avec les ressources disponibles, c'est à dire les
journaux, les souvenirs de quelques vieux Qatariens et aussi des
articles sur Internet, nous avons pu trouver chaque semaine quelque
chose d'intéressant à visiter. Le Qatar n'est certainement pas le plus
beau pays du monde par ses paysages, ni par sa faune ou ses monuments
historiques. Cependant le secret du bonheur n'est-il pas d'apprécier ce
dont on dispose ? Nous avons ainsi vu des formations géologiques
singulières, une zone de mangrove, un trou karstique profond, des
palais en ruines, de très vieilles mosquées abandonnées ou encore des
zones agricoles. Yousaf qui parlait hindi, arabe et anglais, en plus du
malayalam sa langue maternelle, a été précieux pour obtenir des
renseignements auprès des locaux, bédouins ou ouvriers immigrés. Un
jour Yousaf parlait en hindi avec des ouvriers agricoles qui lui ont
suggéré de discuter avec le régisseur, et celui-ci nous a proposé de
rencontrer le patron, un riche propriétaire, un cheikh, comme on dit.
Le cheikh nous a invités à visiter son musée personnel, sous la
guidance de son majordome. Le musée aurait fait pâlir d'envie les
conservateurs de bien des villes de province.
Pour cette mission je suis resté un an au Qatar, avec quelques retours
en France. J'ai aussi pris quelques jours de vacances à Oman, où j'ai
voyagé en bus et en voiture de location. Très beau pays, où je suis
retourné quelques années plus tard avec Françoise.
En 2013 j'ai eu une nouvelle mission au Qatar, juste pour quelques
semaines. Malheureusement cette fois il n'y avait pas Marc, et personne
n'était intéressé par des excursions hors de Doha. De plus les
authentiques vieux quartiers avaient été rasés pour faire place à un
horrible faux-ancien censé attirer les touristes. Cette frénésie
destructrice est, hélas, bien regrettable.
Je suis resté longtemps en Corée du Sud. En général on dit simplement
la Corée, sans préciser laquelle. On précise seulement quand il s'agit
de leur voisin du nord où il est plus exceptionnel de se rendre
(d'ailleurs ce cas de Corée nous turlupine). J'ai calculé que je suis
resté au total un an et demi en Corée, entre 2006 et 2024. Je ne
m'étais pas intéressé auparavant à ce pays, et la surprise a donc été
encore plus agréable. Le pays est montagneux, et les lieux facilement
habitables sont rares. Il en résulte que les zones non habitées sont
nombreuses et propices à la promenade. Mon premier chantier au Pays du
Matin Frais était en bord de mer, au sud-est de la péninsule. Je
résidais dans un très bel hôtel sur la rive du Lac Bomun, près de
Gyeongju. C'est une ville chargée d'histoire, avec des vestiges de sa
splendeur ancienne. Cet hôtel luxueux attirait une clientèle
internationale. J'affectionne la cuisine coréenne, même si souvent
j'aurais aimé que la couleur rouge des plats provienne de la tomate
plutôt que du piment. Le buffet du soir comme celui du petit-déjeuner
était somptueux, et je suis resté assez longtemps pour goûter à presque
tout. Je voyais souvent des étrangers qui ne touchaient pas à autre
chose que du riz et des nuggets de poulet, et je trouvais ça bien
triste. Les Français sont loin d'être les plus réticents devant une
gastronomie exotique.
Dans ce grand hôtel il y avait six soirs par semaine un couple de
musiciens-chanteurs. J'ai assisté aux représentations de plusieurs de
ces couples, qui restaient sur place pendant quelques semaines. Il
venaient tous de Bulgarie, il doit y avoir dans ce pays une filière
pour ces duos d'artistes. Leur répertoire très consensuel était
largement basé sur la Variété Internationale, avec parfois une touche
de Country. Après quelques temps, on se saluait d'un hochement de tête
quand on se croisait dans l'hôtel (a nodding acquaintance, comme disent
les anglophones). J'ai discuté un peu avec un de ces duos de Bulgares,
qui avait plutôt bon goût. Quand ils ont su que j'étais français ils
m'ont dit « Alors nous allons chanter quelques chose pour
toi ». Ils ont aussitôt attaqué « Voyage, voyage »,
chanson célèbre de la chanteuse Desireless. Cette circonstance m'a plus
tard suggéré un titre pour rassembler ces souvenirs personnels. J'ai
préféré utiliser le pluriel.
Près de Gyeongju, une des collines où j'allais souvent le dimanche est
parsemée de monuments sacrés et de roches sculptées. Sur ces chemins
très faciles je croisais ou je dépassais des groupes de Coréens, vêtus
comme nous-autres quand nous allons au Mont-Blanc, ou pour le moins
équipés comme pour un raid d'un mois en terrain hostile. Les Coréennes
ont une crainte panique de bronzer et portent un couvre-chef très
large, souvent des gants, et même parfois un masque. Une fois un de ces
Coréens m'a filmé, en insistant sur mes sandales. Il a dû me prendre
pour un Sauvage.
Toujours en Corée j'ai passé quelque temps à Daejeon, la ville de la
Science. C'est pendant cette mission à Daejeon, au début de l'année
2008, que notre fils Alex nous a quittés. Depuis, il ne s'est pas passé
un jour sans que je pense à lui. Quand je suis parti au petit matin
pour rentrer à Grenoble mes trois collègues m'ont accompagné à la gare
routière de Daejeon, et une dizaine de jours plus tard quand je suis
retourné en Corée ils étaient là pour m'accueillir. Ce sont des gestes
d'amitié qui nous marquent.
Il y a eu d'autres voyages en Corée au fil des années, plusieurs fois à
Pohang, à Ulsan, et de nouveau à Daejeon ou à proximité. J'avais assez
vite appris à lire le Coréen, ou plutôt à déchiffrer très lentement
l'écriture, mais sans connaître la signification des mots. Je n'ai
jamais appris à le parler, me contentant de savoir quelques mots
signifiant bonjour ou merci, et aussi quelques noms de plats de la
cuisine coréenne.
Il y a eu plusieurs chantiers en Chine, plus d'un an et demi en temps
cumulé, entre 2007 et 2019. Je n'étais pas attiré par ce pays, mais je
n'ai pas refusé ces missions, il y avait alors des dictatures bien
pires. C'était en général des chantiers dans des laboratoires de
Physique ou des industries à la périphérie de villes chinoises de
quelques millions d'habitants, essentiellement dans l'est de la
Chine : plusieurs chantiers du côté de Beijing et de Shanghai,
mais aussi à Wuhu et à Hefei. Les Chinois ne se comportent pas comme
nous. En Occident on n'emmerde pas les autres, et en échange on ne
supporte pas d'être emmerdé. Pour les Chinois c'est le contraire, ils
acceptent volontiers d'être emmerdés, pourvu qu'on les laisse emmerder
les autres. Comme les Qatariens, ils aiment le faux-vieux, c'est à dire
les reconstructions de quartiers ou de monuments anciens : les
tronçons de la Grande Muraille qui attirent les visiteurs ont été
complètement reconstruits il y a peu de temps et les quartiers
authentiques des régions habitées par les minorités ethniques ont
souvent été détruits pour être remplacés par du toc tape-à-l’œil.
Mon chantier le plus long a été du côté de Beijing en 2008. J'y suis
resté presque six mois sans revenir à la case départ, pour mettre en
service une machine qui fait de l'hydrogène liquide pour les fusées
chinoises. J'ai eu le temps de raconter quelques historiettes sur une
page web, pour m'occuper le soir. Comme il y a eu un arrêt de dix jours
sur le chantier, l'envie m'est venue de visiter les provinces de
l'ouest et pour ça j'ai fait appel à une guide que j'avais rencontrée
avec des collègues français du côté de la Cité Interdite. Sans son
assistance j'aurais eu beaucoup de mal pour voyager, ne serait-ce que
pour prendre un billet de train ou un taxi local. Nous avons visité la
région de Dunuhang dans la province du Gansu, et ensuite la ville de
Turpan et ses environs dans la province du Xinjiang. Les paysages de
l'Ouest sont grandioses, et ce n'est pas la Chine des grandes villes de
l'Est. D'ailleurs les gens sont culturellement et ethniquement
différents. À Turpan des vieux me saluaient en me disant « Salam Aleikum »
et bien sûr je savais quoi répondre. Au Xinjiang nous avons poussé
jusqu'à Urumqi, la grande ville Ouïghoure qui se voyait comme la grande
métropole de l'Asie Centrale mais qui a vu ses ambitions anéanties par
le pouvoir chinois. C'était la fin du Ramadan, avec des prières dans la
rue, et ma guide ne savait presque rien des pratiques musulmanes. Je
regrette un peu de n'avoir pas eu le temps d'aller jusqu'à Kashgar pour
voir cette ville avant sa transformation ou plutôt sa destruction par
les Chinois.
À l'occasion d'une autre mission en Chine j'ai aussi eu un peu de temps
libre et je suis allé visiter la province de Mongolie Intérieure, avec
la même guide. Région intéressante également, avec des paysages
différents. À Manzhouli près de la frontière les commerçants parlent
aussi le russe. Je n'avais jamais vu une ville chinoise aussi propre.
Il y a aussi eu une mission de plusieurs mois à Shanghai. J'ai un peu
visité la région. Mes collègues chinois, avec beaucoup de sollicitude,
m'avaient emmené voir Hangzhou et le Lac de l'Ouest. Je vais quand même
dire ici quelque chose de bien sur la Chine. Dans les parcs publics on
voyait de vieux chinois, équipés d'un seau d'eau pure et d'un long
pinceau, qui s'adonnaient à la calligraphie sur les dalles en ciment.
Le soleil avait tôt fait d'évaporer leurs œuvres : beauté de
l'éphémère. Voilà pour la Chine.
J'ai aussi travaillé à Hong Kong, d'abord une semaine en 2011, puis
pendant six semaines en 2012, à l'université
H K U S T. Hong Kong était déjà rétrocédée à la
Chine, mais gardait encore son autonomie, la Chine attendant encore
quelques années avant de violer les résolutions sur ce territoire. Les
occidentaux comme moi n'avaient pas besoin d'un visa pour se rendre à
Hong Kong, alors que les Chinois en avaient besoin. Ce n'était pas
encore la Chine, donc, d'ailleurs la civilisation British était bien
présente. Les gens faisaient sagement la queue en une longue file
indienne pour monter dans l'autobus à impériale. En Chine, combien de
fois ai-je éjecté de la queue quelqu'un qui cherchait à passer devant
moi ? Souvent, et en général avec une certaine violence et un
plaisir certain. Hong Kong n'est pas que la ville de gratte-ciels, la
City, souvent représentée sur les cartes postales ou les journaux. Sur
l'île principale il y a des grands espaces presque naturels. Il y a
aussi plusieurs petites îles dans le territoire, certaines presque
désertes, mais desservies en fin de semaine par un petit bateau. Il y a
aussi des îles habitées, pour la plupart sans voitures et avec quelques
restaurants pour bien compléter la promenade. Sur Peng Chau il y même
un bistro français qui s'appelle « Les copains d'abord » et
qui présente une grande peinture murale avec les vieilles gloires de la
chanson française. Un dimanche je suis allé à Macao, à la riche
architecture coloniale portugaise. La traversée entre Hong Kong et
Macao dure moins de deux heures. J'étais plus intéressé par la vieille
ville que par les casinos.
C'est à la fin de ce séjour à Hong Kong que j'ai pris une semaine de
vacances pour aller aux Philippines. Il y avait beaucoup de Philippins
et de Philippines à Doha et encore plus à Hong Kong, surtout du
personnel de maison. J'avais connu quelques Philippins sur mon chantier
du Qatar, en général à des postes qualifiés. Le samedi à Hong Kong les
employées de maison, c'est à dire les bonnes, se réunissent dans les
coursives ventées ou dans les parcs pour pique-niquer entre copines.
Dans cet immense archipel des Philippines je suis allé sur trois îles.
Cebu m'a surtout servi comme point d'arrivée et de départ en avion,
depuis et vers Manille. Je suis allé en bateau d'abord sur Bohol, où
j'ai vu dans une zone protégée des tarsiers des Philippines, minuscules
primates aux yeux immenses. Après quelques jours je suis allé sur l'île
de Negros. J'ai joint un petit groupe de touristes pour une sortie en
bateau autour d'une petite île où le spectacle sous-marin avec
seulement un masque et un tuba est fantastique. Le récif est
extrêmement riche. J'ai vu des tortues, beaucoup d'invertébrés marins,
dont des comatules (elles avancent, elles reculent…). J'ai aussi pris
un sérieux coup de soleil sur le bateau.
C'était ma seule mission à Hong Kong, en deux temps. Par la suite je
suis retourné plusieurs fois passer une nuit à Hong Kong où à Macao
pour renouveler un visa chinois : il fallait sortir du pays tous
les trente jours, et Hong Kong ou Macao étaient considérés comme une
sortie de Chine. Comme le trajet entre les deux territoires prend moins
de deux heures, je visitais parfois les deux pendant un week‑end.
Parlons un peu de l'Inde. Cet immense pays a toujours fasciné les
occidentaux. Certains sont des adorateurs inconditionnels, d'autres
détestent. Ma réaction est mitigée. C'est en 2004 que j'ai fait mon
premier voyage en Inde, pendant une dizaine de jours, pour la
maintenance d'une machine située dans la banlieue de Kolkata. Je me
suis rendu compte que le système des castes est toujours bien présent.
Je suis retourné au même endroit deux fois en 2010, avec un peu plus de
temps libre, et encore une fois en 2011. C'est ainsi qu'au printemps
2010 j'ai rendu visite à Yousaf, mon chauffeur du Qatar, qui profitait
de son congé annuel en famille au Kerala. Yousaf était très fier de ma
visite. Il m'a promené sur la moto familiale, une Royal Enfield Bullet.
J'ai mis toute ma confiance en ses talents routiers.
Les Anglais ont laissé à l'Inde une Administration. Les Indiens se sont
empressés de la complexifier, et leurs frères ennemis du Pakistan puis
du Bangladesh ont fait pareil. Il existe pour les étrangers un nombre
invraisemblable de types de visa. J'avais cette fois-là un visa d'un
mois, renouvelable à condition de sortir du pays. Le plus simple aurait
été de prendre un vol vers un pays qui ne me demande pas de visa obtenu
à l'avance, mais j'avais choisi de me rendre au Bangladesh en bus.
Après trois visites au Consulat du Bangladesh à Kolkata j'ai eu mon
visa, et j'ai fait le long et intéressant voyage vers Dacca, où j'ai
seulement passé une nuit avant de faire le voyage de retour.
Je dois dire que j'ai un peu de mal à supporter le bruit des centres
urbains indiens. Quand j'allais en ville à Kolkata il m'arrivait de
faire une longue pause dans le vieux cimetière anglais, lieu de silence
et de sérénité. C'est un peu triste à dire, mais en Inde je préférais
parfois les quartiers touristiques, calmes, aux quartiers autochtones,
toujours très bruyants. Que dire des Indiens ? J'ai souvent eu
l'impression qu'ils ne sont pas câblés comme nous dans la tête. Ils
peuvent faire une fixation sur un truc qui n'est ni prioritaire ni
bloquant, alors que nous préférons faire avancer le projet, sachant
qu'on pourra traiter ce truc plus tard. La main d'œuvre peu qualifiée a
un coût négligeable, donc les petits assistants à tout faire sont
nombreux. Souvent pleins de bonne volonté, ils sont mal dirigés et
surtout mal considérés par ceux qui ont le sentiment d'être supérieurs.
Un jour j'avais étalé un assez grand nombre de feuilles de papier pour
avoir sous les yeux tous les documents qui me servaient pour mon
travail. Un de ces pauvres diables, pour se rendre utile et pensant que
je devais avoir chaud, avait pendant ce temps-là installé un puissant
ventilateur et l'a mis en service, pour me rafraîchir, moi et mes
feuilles de papier, qui sont devenues des feuilles volantes. Attention,
en Inde les ventilateurs n'ont pas la protection pour les doigts que
nous connaissons chez nous. Un soudeur anglais qualifié qui travaillait
avec moi a ainsi été blessé sérieusement alors qu'il étirait ses bras.
Au laboratoire des ouvriers avaient fait une sorte de rambarde, par
ailleurs très irrégulière et mal soudée. Pour la peindre on avait donné
à un de ces petits assistants un pot de peinture et un morceau de
chiffon, pas de pinceau, sans doute trop cher. Je pourrais raconter
beaucoup d'anecdotes de ce genre.
À l'automne 2010 j'ai de nouveau pris deux semaines de congés pendant
un arrêt de mon chantier en Inde. Cette fois je suis allé vers le nord,
à Darjeeling, et ensuite au Népal, en bus et en train. Darjeeling est
proche du Kangchenjunga, point culminant de l'Inde et troisième sommet
de la planète. Les paysages avec les plantations de thé très pentues
sont pittoresques et ont été l'objet de nombreux documentaires. À
quelques kilomètres de Darjeeling on peut voir l'Everest et les
Annapurnas. Au Népal j'ai surtout visité les basses terres, en
particulier le Parc National de Chitawan avec ses rhinocéros et ses
crocodiles. Mon hôtelier m'avait emmené à la gare routière de Pokhara,
sur sa moto. Quand nous avons traversé la ville ça m'a fait
irrésistiblement penser à cette image d'un album de Tintin, dans
« l'Affaire Tournesol », quand un automobiliste italien très
pressé traverse une petite ville un jour de marché.
J'ai déjà parlé un peu du Japon, où j'étais allé en 1985. Avec la
cryogénie j'y suis retourné plusieurs fois, sur plusieurs sites, entre
2003 et 2016. Les grandes villes japonaises gardent quelques
spécificités nationales, mais elles ont aujourd'hui beaucoup de
similitudes avec les autres grandes villes du monde. C'est pourquoi
j'aime bien les chantiers situés dans les plus petites villes. Par
exemple au Japon il y a eu un chantier à Nagoya et un autre à Kobe,
deux très grandes villes. Ma dernière mission au Japon a été en 2016
sur un gros projet à Naka, pas loin de la mer, et je résidais à Mito,
près d'un joli lac. Cependant mon meilleur souvenir est un chantier en
montagne près de Nikkō. C'est une ville touristique, mais en hiver elle
ressemble davantage à un village. Près du chantier on pouvait voir des
singes, les macaques japonais qui supportent bien la neige.
Au Japon je ne suis allé que sur la grande île principale, Honshu,
jamais sur les autres grandes îles de l'archipel. Quand j'étais à Kobe
j'ai quand même fait deux visites à la journée sur des petites îles de
la baie au large de Himeji.
Je crois que je me suis toujours bien entendu avec mes contacts locaux,
même s'il est difficile de savoir ce que les Japonais pensent de nous.
Je vais mettre la Turquie dans ce groupe des pays d'Asie. En effet mon
unique chantier turc était un peu au sud d'Ankara, et pendant mes
visites du pays je suis toujours resté à l'est du Bosphore, donc
toujours en Asie. Je suis allé sur ce chantier en 2016, 2017 et aussi
2023, donc plutôt récemment. Les premières fois avec un collègue j'ai
un peu visité Ankara, et aussi la Cappadoce. Nous sommes aussi allés à
Sinop sur la Mer Noire, la ville de Diogène, le type au tonneau avec la
lanterne, qui se disait cynique parce qu'il était bien copain avec les
chiens. J'ai aussi visité un site archéologique phrygien.
En 2023 je suis donc retourné sur le même chantier et cette fois j'ai
eu un peu de temps libre pour voyager dans le pays. Comme il s'agit
d'une mission récente mes souvenirs sont encore frais, surtout que je
ne crois pas souffrir déjà de cette maladie qui fait oublier le passé
immédiat alors qu'on se souvient de choses très anciennes. J'ai eu
quelques jours de congés et j'ai fait un assez grand périple vers la
Mer Noire puis vers le Caucase, au ras de l'Arménie et de la Géorgie,
au pied du Mont Ararat. J'ai une bonne vue, mais depuis la plaine je
n'ai pas réussi à apercevoir les débris de l'Arche de Noé. Je me suis
baigné dans le Lac de Van, un lac très alcalin à 1640 mètres
d'altitude. En superficie ce lac est six fois plus grand que le Léman,
ou trois mille fois plus grand que le Lac de Laffrey. Pour ceux qui
sont familiers avec cette notion, l'eau est à pH 10, on n'a pas
besoin de savon. Sur le chemin du retour entre le Caucase et Ankara je
suis passé par Diyarbakır, la grande ville à majorité kurde. Cette même
année en Turquie je me suis aussi baigné dans la Mer Noire et dans la
Méditerranée, et j'ai encore fait quelques visites de sites
archéologiques, allant chronologiquement depuis les Hittites jusqu'aux
Chrétiens du Moyen-Âge.
J'ai aussi un peu travaillé en Asie Centrale, précisément à Baïkonour,
là où les Soviétiques puis les Russes ont lancé des fusées depuis les
années 50. La zone de Baïkonour se trouve au Kazakhstan, mais est
actuellement louée et essentiellement administrée par la Russie. En
2011 nous avions construit à l'intention d'une société russe une
machine destinée à faire le plein de xénon dans les réservoirs de
satellites. Une équipe russe était venue quelque temps à Sassenage pour
voir le matériel en phase de test. Il y avait le grand chef, deux
ingénieurs, et un traducteur anglais-russe, Anatoli, qui parlait aussi
d'autres langues, mais pas le français. Pendant leur visite le grand
chef a choppé une angine et un dimanche matin le traducteur m'a appelé
pour essayer de le soulager de ses souffrances, avec du bicarbonate de
soude ou autre chose. J'ai appelé mon copain Jacques, le médecin des
sportifs, qui a accepté de nous recevoir chez lui. Donc examen médical
pour confirmer l'angine, café offert et ordonnance pour des
médicaments, le tout gratuitement. Jacques m'a dit que c'était la
deuxième fois qu'il examinait une personne venant de Russie, mais que
la fois précédente c'était une championne de triathlon.
Après ces essais en France la machine a été envoyée sur le cosmodrome
de Baïkonour et j'ai été chargé de la tester sur place. Je suis d'abord
allé quelques jours à Moscou, que Anatoli m'a fait visiter
(« ♫ Il avait un joli nom mon guide… ♪♪ » comme
chantait Gilbert Bécaud).
Puis nous avons rejoint Baïkonour, une ville un peu artificielle qui
n'est probablement pas caractéristique du Kazakhstan. Dans les rues les
jeunes femmes kazakhes et russes rivalisent d'élégance. Nous étions
dans un hôtel en ville et tous les jours nous allions en autobus sur le
cosmodrome. J'ai aussi fait de longues marches dans la steppe, très
probablement en dehors du périmètre autorisé sans un visa pour le
Kazakhstan. On y voit des hybrides de chameaux et de dromadaires. Ils
ont une bosse et demie. Un jour nous sommes tous allés nous baigner
dans la Syr-Daria, une rivière qui alimente la Mer d'Aral. Quelques-uns
se sont essayés à la pêche et ont réussi à attraper des poissons.
J'avais acheté une bouteille d'Armagnac pour partager avec mes Russes
et je l'avais offerte quand nous nous mettions à table un soir au
restaurant. Comme ils voulaient la boire immédiatement j'insistais pour
qu'on la boive dans les règles, c'est à dire après le café, alors que
nous en étions au potage. Les Russes se sont consultés un instant, puis
par l'intermédiaire d'Anatoli ils m'ont dit : « On va
commander un café tout de suite ». C'est ce qu'ils ont fait.
Le travail s'est bien passé, le séjour aussi. J’ai appris les bases de
l’alphabet cyrillique. Sur le site je pouvais voir la manipulation des
satellites pour les préparer au montage sur les fusées. À la commande
des ponts roulants il y avait essentiellement des femmes. Était-ce pour
minimiser le risque d’alcoolisation de l'opérateur ? La toute
dernière opération avant le montage final était une aspersion d'eau
bénite par un religieux en soutane. J'ai eu la chance de voir des
lancements de fusées Soyouz, et après un nouveau passage par Moscou je
suis revenu en France.
Passons de nouveau à l'Extrême-Orient avec Taïwan. Je n'ai eu qu'une
seule mission, d'ailleurs plutôt courte, dans ce pays. C'était en 2009,
l'année où j'ai en fait très peu travaillé, histoire de rattraper
beaucoup de congés en retard. Je ne connaissais pratiquement rien à ce
pays, j'avais même une idée extrêmement vague de sa géographie. Je
travaillais à Hsinchu, ville de science et d'industrie, avec aussi
quelques beaux monuments anciens. L'amabilité des Taïwanais surprend
agréablement quand on est d'abord allé en Chine. Le centre et l'est de
Taïwan montrent des paysages grandioses, avec une soixantaine de pics
qui dépassent 3000 mètres. À la fin de la mission j'ai passé
quelques jours à Hualien, dans le sud-est du pays. Il y a des falaises
vertigineuses qui plongent dans la mer et aussi la Gorge de Taroko.
J'avais pris le bus qui mène à l'amont de la gorge pour la descendre à
pied, pas loin de quarante kilomètres avec tous les détours dans la
végétation luxuriante.
J'ai profité d'une sortie obligatoire de Chine pour retourner quelques
jours à Taïwan en 2018. De nouveau j'ai parcouru la Gorge de Taroko et
je me suis baigné dans la Mer des Philippines.
Enfin pour être exhaustif dans ces missions en Asie il reste l'Arabie
Saoudite, où j'ai fait deux courts séjours en 2010 et en 2019, avant
une longue mission en 2021-2022. C'était à chaque fois près de Jubail,
dans la région industrielle qui s'étend le long du Golfe
Arabo-Persique. Comme dans les pays voisins il y a de rares locaux bien
qualifiés et une importante main d'œuvre immigrée, surtout originaire
de l'Inde, du Pakistan et des Philippines. Il y a aussi les gens comme
moi, venus apporter une compétence supplémentaire pour quelques
semaines ou quelques mois. On nous avait logés au Hilton, et au
petit-déjeuner nous étions tous en tenue de travail, certains avec déjà
le casque de chantier sur la tête.
Je n'ai pas vu grand chose de cet immense pays. J'ai quand même fait
quelques grandes promenades à pied, mais le désert autour des villes a
des allures de dépotoir. À quelques kilomètres au sud de Jubail il y a,
entourée à distance d'une clôture, la ruine d'une très ancienne église
assyrienne. Curieusement elle n'avait pas été détruite par les zélotes
religieux.
Passons à l'Océanie. J'ai déjà évoqué le passage en Nouvelle-Zélande à
l'occasion de ma première mission en Antarctique. J'ai parlé aussi du
séjour en famille à Melbourne à la fin de mes études, en 1982-1983. Je
ne suis pas retourné en Australie jusqu'en 2014. Cette année-là je suis
allé deux fois, pour une quinzaine de jours, du côté de Sydney. Il
s'agissait de valider quelques améliorations faites sur une machine
ancienne, en particulier le passage à un système de contrôle plus
moderne. La première fois on m'avait logé à Cronulla, une banlieue chic
de Sydney avec une belle plage, où j'ai bien profité des promenades en
bord de mer. À ma deuxième visite j'étais logé au centre de Sydney, ce
qui m'a permis de visiter les attractions de la ville, les très
renommés pont et opéra, et de faire trempette à Bondi Beach, la plage
la plus célèbre du coin. Beau pays, qui donne envie d'y retourner. Au
passage, le retard d'un avion lors de ma première visite m'a fait
passer vingt-quatre heures à Dubai, ce qui m'a laissé un peu de temps
pour faire un tour en ville. C'est ma seule entrée aux Émirats Arabes
Unis.
Il faut enfin dire quelques mots sur l'Amérique du Sud. Je n'ai fait
qu'un voyage professionnel sur ce continent, et c'était à Kourou en
Guyane, donc pas vraiment à l'étranger. Je n'ai pris qu'une semaine de
congés sur place pour visiter, et en conséquence je n'ai pas vu grand
chose de cet immense territoire. Il est difficile de voir des animaux
spectaculaires sans un bon guide. On voit des oiseaux, quelques singes
habitués aux touristes, et avec un peu de chance quelques gros insectes
et des petits reptiles. J'ai visité les ruines du bagne sur les Îles du
Salut et j'ai participé à une excursion touristique organisée sur la
Rivière de Kaw. Regrettablement les formalités pour aller au Suriname
sont rebutantes, et je n'ai aperçu ce pays que depuis
Saint-Laurent-du-Maroni, du côté guyanais du fleuve Maroni.
On se rend compte après cet inventaire que je ne suis jamais allé
professionnellement en Afrique, ce qui est un de mes regrets. Pourtant
l'Afrique est bonne hôtesse (et ses canicules vous emballent ?).
Je ne désespère pas.